Reporté une première fois, le procès de l'affaire dite SIM/OAIC s'est ouvert hier au tribunal d'El Affroun près la cour de Blida. Et c'est Mohamed Kacem, P-DG de l'Office interprofessionnel des céréales, qui comparaîtra le premier. Il est accusé de dilapidation de deniers publics et de passation de marché contraire à la réglementation en vue d'octroyer des privilèges non justifiés au patron du groupe SIM. 31 autres personnes sont inculpées dans cette affaire, dont Zeghaïmi (patron des Semouleries de la Mitidja) pour écarts de poids, faux et usage de faux, fausse écriture sur document officiel, négligence ayant entraîné un manque à gagner et complicité. C'est suite à une lettre anonyme faisant état de dilapidation de deniers publics, trafic d'influence et corruption que les services de la gendarmerie ont ouvert une enquête durant laquelle pas moins de 113 personnes ont été entendues, dont 32 ont été mises en examen par la juge d'instruction en chargée de l'affaire et renvoyées devant le tribunal correctionnel. Hier, donc, le président de l'audience a eu du mal à arracher au P-DG de l'OAIC les réponses aux questions qu'il lui posait. Non pas qu'il ait refusé de répondre, mais il semblait et le juge en était convaincu que l'accusé ne le comprenait pas. Toutefois, il se défendra en s'appuyant sur un dossier volumineux qu'il avait apporté avec lui. Il niera avoir passé un quelconque contrat illégal avec le propriétaire de SIM et encore moins lui avoir octroyé des privilèges injustifiés. Il tentera d'expliquer le fonctionnement de l'Office qu'il dirige jusqu'à maintenant (il n'a pas été suspendu de ses fonctions après son inculpation) et les mécanismes mis en place par les pouvoirs publics et l'entreprise pour la stabilisation du marché des céréales. Une instruction du chef de gouvernement de l'époque (2004) a même été brandie par M. Kacem pour montrer sa bonne foi et la mise en application des directives gouvernementales dans un secteur aussi sensible que celui-là, voire touchant la souveraineté nationale. Une instruction que le procureur utilisera contre le prévenu et le directeur de la réglementation de l'office qui a comparu après lui pour indiquer que le document envoyé par le chef de gouvernement venait comme un rappel à l'ordre à cette entreprise non sans signaler les dépassements et le contournement des décisions prises. «Cela prouve que vous continuiez à travailler dans l'anarchie et à distribuer le blé comme bon vous semblait.» Le directeur de la réglementation n'a pas non plus convaincu les deux magistrats, particulièrement lorsqu'il s'est agi d'expliquer les rabais dont a bénéficié M. Zeghaïmi et comment se fait que les camions qui venaient du port sec de Rouiba vers Blida ne déchargeaient pas le blé pour la pesée et prenaient tout de suite la direction des semouleries de SIM. Cela depuis 2003. Les deux responsables de l'OAIC ont fait valoir le fait que SIM était un client fidèle, voire un bon client sous prétexte que les Eriad refusaient de s'approvisionner à l'office et que la concurrence était rude depuis l'ouverture du marché de l'importation de blé au privé. Le procès se poursuivra aujourd'hui. Il semblerait que le patron de SIM comparaîtra en dernier avant que le procureur ne fasse son réquisitoire et que les avocats n'entament leurs plaidoiries. F. A.