RESUME : Le jeudi, Abdelghani rentre avec un jeune. Ils vont dîner ensemble. Ils ont aussi beaucoup bu. Abdelghani sort, fermant à clef. Il les laisse seuls. Tewfik n'en revient pas… 24eme partie Il est près de huit heures du matin quand Abdelghani rentre chez lui. Il a passé la nuit au bureau. Il n'a pas pu dormir, songeant à Wissam, à la vie de femme qu'elle avait entamée, sous ses soins. Il lui avait choisi quelqu'un de délicat, de beau et bien portant. Il n'aurait pu lui trouver mieux. Au risque de paraître dépourvu de moral, de principes, il avait choisi de lui donner autrement ce qu'il n'était pas en moyen de faire lui-même. Wissam peut le mépriser et le vouer au diable, s'il a osé s'abaisser à ce point, c'est par amour pour elle. Il sait qu'elle lui sera reconnaissante plus tard. Il en est convaincu. Tewfik est déjà debout, allant et venant dans le salon. Il refuse de prendre le café avec Abdelghani. Il part rapidement, sans le regarder. Abdelghani va dans la chambre et regarde le lit défait. Les draps ont été retirés. Wissam ne veut pas qu'il voit. Il en a le cœur pincé de douleur. Mais qu'aurait-il pu faire d'autre ? S'il ne l'avait pas forcée à avoir un amant, il aurait été contraint de lui rendre sa liberté. Et cela, il n'en supporte même pas l'idée… Wissam ne sort pas tout de suite de la salle de bains. Elle y reste plus d'une demi-heure. En trouvant son mari dans la chambre, elle s'arrange pour lui tourner le dos. - Wissam, je sais que tu m'en veux, mais c'est par amour, lui dit-il en la suivant à travers la pièce, puis au salon où elle s'est rendue pour y mettre de l'ordre. Je te jure que c'est pour ton bien… - Tu es ignoble ! rétorque-t-elle d'une voix basse et grave. - Je t'aime Wissam ! lui crie-t-il. Tu crois que cela me fait plaisir de n'avoir plus d'honneur… qu'un autre prenne possession de ton corps alors que je suis impuissant … qu'un autre te donne du plaisir… - Tais-toi, tu me dégoûtes ! Quand Wissam se tourne vers lui, il s'aperçoit qu'elle pleure, qu'elle a des marques rouges au cou. - Pourquoi ? Il n'a pas su être délicat ? murmure Abdelghani. - Là n'est pas le problème, rétorque-t-elle. Imagine que l'un d'eux me plaise… Car un jour, cela arrivera ! Et ce n'est pas dans ton intérêt de recommencer. Abdelghani, ne me force pas à te détester ! - Je ferai tout pour ton bonheur. - Va alors voir un psychiatre. Mais il refuse de l'écouter. Depuis quelques mois, il ne la laisse plus sortir seule mais aussi, il n'invite plus ses amis et ses proches parents. Comme s'il craignait de la voir se confier à eux, de trouver un appui auprès d'eux. Même s'il était toujours aussi prévenant, la couvrait de cadeaux, la jeune femme ne lui rendait pas la pareille comme avant… Depuis qu'ils s'étaient querellés, depuis cette fameuse nuit où Wissam s'était donnée à Tewfik, Abdelghani aurait voulu qu'elle se montre plus reconnaissante. S'il avait osé s'humilier, c'était pour elle. Et il recommencerait chaque mois, avec une personne différente, pour leur éviter de s'attacher. Donc, chaque mois, Abdelghani lui amène quelqu'un et va passer la nuit ailleurs. Il y a des fois où l'un d'eux suscite son intérêt mais Abdelghani s'est arrangé pour qu'il ne revienne plus aussi. Elle n'a pas le droit de toucher au téléphone et tous les numéros de réception sont relevés. Il a pris toutes les précautions pour la satisfaire et la garder. Mais comment la garder quand ils vivent comme deux étrangers, contraints à vivre ensemble par la force des choses ? Quand ils ne se parlent presque pas… Quand Wissam ne pense qu'à le quitter. Abdelghani l'ignore et souhaite qu'en étant satisfaite physiquement, elle ne cherchera jamais à le quitter. Et pourtant, Wissam tombe amoureuse d'un de ses amants d'un soir. Abdelghani se doute qu'il se passe quelque chose à son insu. Il va même jusqu'à faire la garde et si avant, il allait passer la nuit ailleurs, maintenant il reste dans le salon, à les surveiller. Comme si cela pouvait être suffisant… A. K. (À suivre)