Au terme de deux mois d'exposition-vente, les floralies attirent toujours autant de visiteurs. C'est dire l'importance que revêt, chaque année, le long du boulevard Laïchi, un tel événement pour les Blidéens qui y trouvent l'occasion de faire une provision de plants, de dénicher la plante rare, la fleur ancienne parmi les multiples espèces que proposent fleuristes et pépiniéristes dont les stands, alignés côte à côte, rivalisent de profusion et d'ingéniosité : plantes diverses, odoriférantes ou sans parfum, fleurs de Blida ou d'importation, jeunes plants d'arbres fruitiers, d'ornement, palmiers nains, papyrus, verveines, hibiscus, glycines, bougainvillées, bignonias, mais aussi, suspensions originales, pots, terreau… Les visiteurs – hommes, femmes, enfants – s'attardent devant un stand, le temps de connaître le nom de la plante, de s'enquérir de son mode de plantation ; de son côté, le marchand prodigue des conseils, explique la technique de culture, “refile” une astuce. Parmi les acheteurs, outre ceux issus de la population locale ou régionale, des visiteurs d'Alger, Médéa ou Tipasa, il y a des travailleurs employés à Blida et originaires de wilayas lointaines qui ont la bonne idée et la délicatesse de rentrer dans leurs foyers avec un pot de plante verte. C'est, aussi, le cas d'étudiantes à l'université Saâd-Dahleb, venues des Hauts-Plateaux, quand ce n'est pas du Grand Sud, et qui n'ont pas trouvé meilleur souvenir à ramener avec elles de la ville des Roses. Pour l'une, c'est le galant de nuit, pour l'autre, c'est un plant d'oranger, de kumquat, de kaki (ou encore plaquemine - un pépiniériste la nomme “lablamine” !), de sauge, de jasmin ou encore de cognassier… Cela peut être, aussi, un pot de bégonia, de géranium rosat, d'amaryllis, de muflier… Un bémol : les végétaux exposés “ne sont pas donnés”. Mohamed Mekerkeb-Berrane, 69 ans, pépiniériste affilié à l'association verte de Blida Chlorophylle, explique cela par les conditions climatiques, une fraîcheur qui a duré, mais encore le prix des engrais (12 000 DA le quintal) et celui des graines (11 000 DA le kg de graines de basilic, 12 000 pour l'œillet d'Inde), la semence venant essentiellement de l'étranger. “L'activité, poursuit notre interlocuteur, n'est pas aisée lorsqu'il faut louer une parcelle de terre, payer des ouvriers, faire face aux frais multiples dont ceux du transport et divers achats (serres, engrais, graines, produits phytosanitaires, achetés souvent en deuxième main). Les pépiniéristes ont besoin du soutien de l'Etat pour développer cette activité qui n'est plus très florissante”. Maçon de métier, ce pépiniériste a abandonné, il y a dix-huit ans, son emploi pour se consacrer à sa passion (les plantes) héritée de sa grand-mère : “Les plantes, elle les soignait, les cajolait, leur parlait ; à leur tour, elles le lui rendaient bien.” À la demande des pépiniéristes, ces floralies ont été prolongées à deux reprises pour atteindre deux mois et maintenant, “pourquoi ne dureraient-elles pas encore ? Le boulevard n'est-il pas plus beau avec ces plantes et ces fleurs ? Après tout ‘elli ma chra yetnezzah !' (même en n'achetant pas, on en tire du plaisir)”.