Alors que le monde entier était concentré sur l'ouverture officielle du Mondial sud-africain, soit le 11 juin dernier, le même jour se clôturait, à Bruxelles, une table ronde touchant également de grands enjeux. Non, il n'était pas question de football, mais de débats autour du “développement durable et ses responsabilités nouvelles”. Pendant trois jours, plusieurs personnalités intellectuelles et politiques, venues de tous les horizons et de plusieurs pays, se sont attelées à débattre, entre autres, des systèmes institutionnels et économiques mondiaux. Parmi les présents à cette table ronde, organisée sous le haut patronage du roi de la Belgique, Albert II, le baron Philippe de Woot, membre de l'Académie royale de Belgique et codirecteur de la classe Technologie et Société, Gil Aluja, président de l'académie royale espagnole, mathématicien et économiste, Granell Trias, académicien numéraire et DG à la Commission européenne, Hocleitener, académicien numéraire et président d'honneur du Club de Rome et, enfin, et surtout, Eric Maskin, prix Nobel 2007 en économie. Au milieu de ce beau monde, un Algérien était présent. Il s'agissait de Mohamed Laïchoubi, académicien et ancien ministre. Son intervention lors de cette rencontre avait porté sur les limites et l'inadaptation des systèmes institutionnels actuels et des philosophies qui les inspirent. À son retour de Bruxelles où il a assisté aux trois jours de la table ronde, Liberté l'a rencontré. Sur les thèmes qu'il a abordés, Laïchoubi affirma qu'il avait essentiellement donné une “analyse des mutations de l'Etat dans les pays développés en mettant en évidence le fait que celui-ci, gagné par les dimensions marchandes, semble glisser vers le soutien aux intérêts des groupes économiques et financiers, au détriment de son rôle de régulateur social”. Il précisa que “la crise à l'échelle mondiale révèle de plus en plus des visions prédatrices qui dominent les marchés”. L'académicien algérien a insisté sur l'urgence d'être “fin prêt” en vue des chamboulements que la planète va subir “et ça a déjà commencé”. Les principales “raisons”, selon lui, consistent en “les fins de cycle”. Il en a dénombré trois : énergétique “qui a atteint ses limites”, industriel “la pollution est devenue inacceptable” et enfin agricole “avec l'usage abusif des engrais et des pesticides”. Pour faire face, l'académicien préconise de “nouvelles démarches technologiques avec des efforts de financement importants”, tout en indiquant que les impacts sociaux seront également difficiles, “or, dans ces pays, les Etats sont affaiblis”. Sur ses rencontres à Bruxelles, Mohamed Laïchoubi en a évoqué, entre autres, celle qu'il a eue avec Armand de Decker, président du Sénat belge qui devrait se rendre prochainement à Alger, ou encore celle avec le prix Nobel américain qui lui a précisé sa disponibilité de répondre positivement à une invitation en Algérie.