Les villageois de Tala N'Tazart (1 250 habitants), mais aussi d'autres villages limitrophes, situés à proximité de cette réserve de biodiversité qu'est le Parc national du Djurdjura, n'arrêtent pas de crier leur colère à qui veut les entendre. La cause n'est que cette interminable meute de singes magot qui leur font mener la vie dure. En effet, sous forme de groupes avoisinant la centaine de singes, ces primates, laissant les hautes altitudes, ont fini par gagner les champs et les jardins potagers les plus proches des habitations. À Tala N'Tazart, village moins peuplé de la commune d'Ath Boudrar, les quelques villageois, qui jadis se nourrissaient de la production arboricole, ont fini par baisser les bras et céder devant l'omniprésence des singes qui massacrent leur capital arboricole et agricole. “De l'espèce menacée, ces primates deviennent menaçants à plus d'un titre”, nous dit un citoyen de Tala N'Tazart exténué. Au moment de l'entretien, une horde de magots parade sur le toit et les balcons d'une habitation privée, apparemment désertée par ses propriétaires. “Certes, la déforestation — suite aux incendies des années 1999-2000 où des dizaines d'arbres partent en fumée —, le manque de nourriture qui les force à descendre tout près des villages, où d'ailleurs ils finirent par s'adapter à la cohabitation avec les passants, ont favorisé cette situation. Faudra-t-il pour cela nous délocaliser et leur céder le terrain ?” s'interroge un père de famille qui a vu ses dizaines de cerisiers saccagés en un tour de pattes.