C'est dans une ambiance solennelle que la charte de la paix entre les deux communautés, malékites et ibadites de Berriane, a été signée hier par les représentants des deux communautés, en présence du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, Yahia Fehim, wali de Ghardaïa et des autorités civiles et militaires de la wilaya, ainsi que des élus de la wilaya au Parlement. La cérémonie, qui a eu lieu dans la grande salle de conférences du siège de la wilaya, s'est déroulée dans une atmosphère empreinte d'un respect mutuel et d'une profonde conviction entre les deux parties que l'avenir sera meilleur pour tous les enfants de Berriane. C'est en tout cas le message décrypté en filigrane à travers les discours des deux représentants des communautés composant la population de Berriane qui sont forts d'une profonde conviction et d'une volonté à vivre ensemble et à se côtoyer dans l'absolu respect mutuel. Pour le Dr Mohamed Bourguiba, porte-parole de la communauté ibadite, “le plus dur est passé, il reste maintenant à concrétiser par des actes la volonté affichée par les deux parties de parvenir à faire cohabiter pacifiquement toute la composante humaine de Berriane dans toute sa diversité. L'Etat a aussi un rôle prépondérant dans cette action en lançant des programmes de développement tous azimuts pour faire sortir cette région de sa léthargie. C'est en créant de l'emploi et de la richesse que l'on fera reculer le spectre de la violence, quelle qu'elle soit”. Ajoutant que “de toute manière, maintenant les masques sont tombés et quiconque essaiera de jouer au pyromane paiera les conséquences. L'Etat est seul garant de la sécurité des citoyens et de leurs biens”. Pour M. Bachir Kouadri, porte-parole de la communauté malékite de Berriane, “c'est un moment historique que nous vivons aujourd'hui avec cet événement et ce document qui scelle définitivement la réconciliation entre tous les frères et sœurs de cette région qui nous est chère, à nous et à tous les Algériens. Je suis ému car nous avons, avec nos frères ibadites fourni tous les efforts pour parvenir à ce résultat qui, ne l'oublions pas, a été aussi l'œuvre d'hommes sincères et intègres de ce pays tels que le ministre de l'Intérieur qui s'était déjà investi dans ce dossier corps et âme du temps où il était ministre délégué chargé des Collectivités locales et le wali de Ghardaïa qui n'a ménagé aucun effort pour le maintien de la paix de la sécurité et pour le retour de la sérénité dans notre région. Mais il faut surtout rendre hommage au sens de la raison et de la sagesse du président Bouteflika qui a donné et engagé tous les moyens pour parvenir aujourd'hui à ce prometteur résultat”. Rappelons que cette charte est le prolongement de la feuille de route signée le 31 mars 2009, et qui était censée être le préambule à une charte de paix définitive et les quinze points qui la composaient avaient valeur de test pour apprécier sur le terrain son efficacité. Ce qui, d'après les observateurs et les représentants des deux communautés, a été concluant et donc a permis de sceller définitivement par ce document la concorde et la fraternité retrouvée entre tous les enfants de cette merveilleuse ville, une et indivisible de la pentapole du M'zab. Pour rappel, la ville de Berriane a vécu de graves affrontements intercommunautaires en mars et mai 2008 et en janvier 2009, causant la mort de 5 civils, des blessures à des dizaines d'autres et des dégâts considérables à plus de 360 demeures et des dizaines de commerces, dans leur majorité complètement incendiés. Des dégâts estimés à plusieurs dizaines de milliards de centimes auxquels il faut ajouter la dégradation de l'ensemble du mobilier urbain. Ce qui a nécessité un quadrillage systématique pendant de longs mois par les forces combinées de la police et de la Gendarmerie nationale qui ont fourni de gros efforts pour parvenir à rétablir la sécurité et à procéder à l'arrestation de tous ceux qui ont participé aux émeutes et les coupables de crimes et de vols.