Zohra Drif n'est pas une gardienne du temple. Elle est, d'abord, une parole rare. Une jalouse des transgressions multiples contre notre Algérie qui souffre de ces amnésies historiques. Elle nous rappelle, dans le tumulte des oublis volontaires, d'où on vient. Alors qu'on brûle des drapeaux algériens à El-Tarf, que des imams formés par l'état algérien refusent de se lever pour l'hymne national et que des parties appellent à la division du pays, la commémoration du 5 juillet devient une urgence d'une terrible gravité. Pour comprendre le délitement de cette idée nationale, on ne sait vers qui se tourner. Dans le chaos d'une identité attaquée, l'état algérien semble immobile et compte les coups portés aux symboles nationaux et souverains. Les partis historiques ignorent le danger quand ils ne confisquent pas, eux-mêmes, les attributs de la mémoire collective. Dans ce sombre tableau, il y a des phrases qui claquent comme celle de Zohra Drif, icône de la Bataille d'Alger : “Une Algérie où je ne mangerai que du pain sec sera toujours meilleure que l'Algérie colonisée.” Zohra Drif n'est pas une gardienne du temple. Elle est, d'abord, une parole rare. Une jalouse des transgressions multiples contre notre Algérie qui souffre de ces amnésies historiques. Elle nous rappelle, dans le tumulte des oublis volontaires, d'où on vient. Quelle est la valeur de cette révolution algérienne qui a mis un terme à une des “nuits coloniales” les plus cruelles de l'histoire de l'humanité. Zohra Drif est également cette femme qui dépoussière les véritables valeurs de la Révolution et dit crûment que nos martyrs ne sont pas morts pour une pension ou une villa. Elle analyse avec acuité cette dérive insupportable vers les concessions troublantes avec la mémoire algérienne et rappelle la France à ses responsabilités historiques. Si certains croient que la sénatrice est liée par ses amitiés et s'oblige à censurer sa colère, ils se trompent lourdement sur le personnage. Zohra Drif est une amie de la vérité pas toujours bonne à dire. Elle est celle qui fustige un Chef de gouvernement dans un Sénat béat de servitude. Elle veut qu'on ne trahisse pas l'héritage des Ben M'hidi et des Didouche Mourad et que cette jeunesse algérienne trouve des raisons d'être fière de son passé. Elle dénonce surtout la dérive actuelle d'un système gangrené par la prébende et la corruption et en appelle à “tout un chacun” pour que le 5 juillet retrouve son sens le plus juste.