Résumé : En 1954, la guerre de Libération nationale éclate. Mon père prend le maquis au grand dam de sa mère qui craignait de le perdre. Elle finira pourtant par entendre raison. À l'indépendance, mon père rentre et Yasmina est comblée. 78eme partie Mon père revint donc à la maison. Il était heureux et triste. Yasmina le comprenait. Son fils ne reverra plus jamais beaucoup de ses compagnons d'armes. On avait payé un prix inestimable pour connaître enfin la joie de la libération. Blessé dans son corps et dans son âme, mon père tente de reprendre le dessus. On lui avait caché le décès de son grand-père Mohamed, deux années plus tôt. Et cet évènement s'ajouta à son désarroi. Il était très attaché à cet homme qui l'a élevé et veillé sur lui. Mais la nature reprend ses droits. Mohamed avait 90 ans, et son corps frêle et malade ne le supportait plus. Mon père reprend ses études. Pour occuper son temps libre, il descendait au port, où il rencontrait des connaissances de ses frères, et même de son défunt père. Yasmina pensait sérieusement à le marier. Il avait 28 ans, il était jeune et beau, et il lui faut vite le rattacher à la famille. Yasmina savait que si elle ne passait pas à l'action, ce fils aussi prendra la mer, et s'exilera sous d'autres cieux comme ses aînés. Mohamed, qui leur rendait visite deux fois par an, contrairement à Farid, qui passait le plus clair de son temps auprès de sa petite famille, appris à sa mère, que son jeune frère songeait sérieusement à s'engager dans la marine. Il avait même déposé un dossier pour passer un test d'embauche. Yasmina ne se le fera pas répéter deux fois. Le soir même, elle décida de passer à l'action, en apprenant à son jeune fils, qu'elle avait l'intention de le marier. Riant franchement, mon père, lui rétorque qu'il n'était encore qu'un capricieux gamin, et qu'il ne pense pas encore à fonder une famille. Mais Yasmina insiste, et mon père dut acquiescer. Mais à une seule condition : épouser la fille de ses rêves ! Yasmina demeure bouche bée devant cette révélation. Elle en discute avec Razika, qui malgré son âge avancé avait gardé toute sa lucidité. Mon arrière-grand-mère se met à rire. Bien sûr. Elle était au courant de cette relation de son petit-fils. La fille qu'il voulait épouser n'était autre que la jeune sœur d'un ancien compagnon d'armes. Elle était belle comme le jour, instruite, et n'avait que 22 ans. Yasmina demeure pensive un moment. Son fils ne lui a rien dit. Pourquoi avait-il plutôt préféré en parler à sa grand-mère qu'à elle ? Mais Razika met fin à ses interrogations. En réalité, ce mariage ne devrait avoir lieu que dans deux ou trois années. Mon père qui s'était entendu sur cette affaire avec son futur beau-frère, pensait d'abord à son avenir. Il avait entamé des études en sciences de la mer et comptait décrocher tout d'abord son diplôme et un job avant de penser à se caser. Mais le destin devait prendre une autre tournure. Pour faire plaisir à sa mère, il accepte de prendre femme à condition que ce soit l'élue de son cœur. Yasmina accepte d'emblée. La jeune fille lui plaisait. Elle était belle, bien éduquée, et issue d'une femme noble et connue. Vite dit, vite fait. On arrête la date du mariage et on se met aux préparatifs. Mon père, qui ne voulait dépendre de personne, décroche un poste de travail dans une administration portuaire. Muni de ses diplômes, il n'eut aucun mal à diriger un service de transit. Entre-temps, Yasmina qui trouvait que la vieille maison de ses parents, était trop spacieuse, décida d'emménager dans un quartier plus moderne. On ferme la maison familiale où ne restèrent que des souvenirs, et on s'installe dans un appartement situé au centre-ville. (À suivre) Y. H.