Résumé : Au cimetière du village, je rencontre une femme qui prétendit bien connaître mon grand-père, et qu'il était le père de son fils. La nouvelle me fige, mais je voulais en connaître davantage sur cette mystérieuse histoire. 24eme partie La femme revint à moi après s'être assurée que son fils ne pouvait nous entendre : - Je n'aime pas parler de ces choses en sa présence. Il est très susceptible. Mais on ne peut cacher trop longtemps la vérité. Impatiente, j'attendais la suite de cette histoire rocambolesque. - Eh bien, on peut dire que le temps fini toujours par remettre de l'ordre dans les choses. Les gens pensent qu'ils sont éternels. Et ne regardent l'avenir que d'un œil indifférent. - Comment avez-vous connu mon grand-père ? - Dans la grande maison. - Et il vous a épousé comme çà, tout en vous laissant faire le ménage pour ma mère, et sans vous permettre d'élever son fils dans la grande maison… ? - Mais non. Les choses ne se sont pas passées ainsi. Elle se met à méditer un moment. - Cela s'est passé il y'a bien longtemps. Trente années si je prends en compte l'âge de mon fils. - Donc mon grand-père a enterré son secret avec lui. Elle hoche la tête. - Il n'y a que moi, ta mère et ta grand-mère Zahra qui sommes au courant de la chose. - Ma mère… ? - Oui. Ta maman était présente quant nous avons mis les choses au point. C'est elle-même qui était l'instigatrice de cette histoire. J'allais de surprise en surprise. Ma curiosité piquée à vif, je demandais : - Ma mère ne m'a jamais rien dit. - Pourquoi t'aurait-elle raconté cette histoire, c'était un peu son petit secret. - Que vous me dévoilez aujourd'hui au hasard d'une rencontre. - Le hasard fait bien les choses. Dieu en a décidé ainsi. Je crois qu'il est temps pour toi Mina de connaître la vérité. - Alors qu'attends-tu pour me raconter ce qui s'était passé. Un petit vent glacial s'est levé, et la vieille femme s'emmitoufle dans un long châle en laine. Elle remet un peu d'ordre dans ses vêtements trop amples pour elle, puis s'asseoit sur un tronc d'arbre à moitié desséché, que le charbonnier ont dû oublier d'enlever durant la saison des pluies. Je me réinstalle sur la tombe de mon aïeul, moi qui devrais déjà être de retour dans la grande maison. Tant pis, on s'inquiètera pour moi, mais je dois connaître la vérité sur cette femme qui prétend que mon grand-père est le père de son fils. - Cela fait bien longtemps commence-t-elle, les vignes du village, celles qui se trouvent sur les hauteurs de la montagne qui nous fait face, ont été plantées par mon propre père. Nous étions alors, une famille aisée et sans problèmes. Nous avions des biens, des terres, des écuries pleines de vaches et de moutons, des oliviers, des figuiers… En fait, nous avons nous aussi hérité de ces biens, et mon père tenait à ce que nous soyons de dignes héritiers. Hélas, au début de la deuxième guerre mondiale, nous avions tout perdu ou presque. Le typhus faisait rage parmi la population et un par un, les paysans qui étaient à notre service s'en allèrent. Les uns étaient enrôlés d'office dans l'armée et les autres moururent de maladie. Nous n'avions plus que quelques poules et une vache. Nos récoltes cette année là, s'avérèrent catastrophiques, et nous ne pûmes que regarder sans pouvoir rien faire, s'en allaient les meilleures années de notre ferme. Mon père tombe malade, il avait contracté le typhus qui les emportera lui et ma mère très rapidement. Comme j'étais fille unique, mes deux frère: Kamel et Ali qui étaient déjà mariés, me marièrent à l'âge de 14 ans à un homme qui avoisinait les 70 ans. J'avais beau supplié, pleuré et crié. Mes deux frères refusèrent de revenir sur leur décision et arguèrent que j'étais même trop âgée pour espérer meilleur parti. Y. H.