Pendant que le clan du chef de l'Etat français cherchait à exploiter politiquement les dernières déclarations de la comptable de Liliane Bettencourt, en estimant qu'elle s'est rétractée, les livres de comptes de la milliardaire révèlent que plus de 380 000 euros auraient été retirés en espèces à la BNP durant les quatre mois précédant l'élection présidentielle de 2007. à en croire l'hebdomadaire Marianne, qui s'est procuré l'un de fameux carnets des livres de comptes du couple Bettencourt, plus de 380 000 euros auraient été retirés en espèce à la BNP durant les quatre mois précédant l'élection présidentielle de 2007. Il s'agit de sommes “sorties en liquide et sans affectation”, précise la même source, qui souligne : “Ce qui est logique, puisque [Liliane Bettencourt] elle-même indique qu'il ne fallait pas laisser de trace.” Bien qu'il soit impossible donc de savoir à qui était destiné cet argent, car l'ex-comptable a redit jeudi après-midi aux enquêteurs qu'“une partie de cet argent était destiné à des politiques”, tout semble indiquer en effet que l'UMP en était la bénéficiaire. D'après les déclarations de l'ex-comptable à “Mediapart”, les mentions “Monsieur” ou “Monsieur Bettencourt” signifient que les retraits étaient destinés à des politiques. Si l'on part de cette hypothèse, le total des retraits annoté de cette façon s'élève à “183 350 euros en quatre mois”, selon les calculs de l'hebdomadaire. Comparant ces retraits réalisés en 2007 à ceux de 2006, Marianne aboutit au résultat qu'en 2006, 50 000 euros “seulement” ont été retirés. “On est loin des 183 350 euros de la période précédant le 1er tour de l'élection présidentielle”, commente l'hebdomadaire. Ainsi, le président français Nicolas Sarkozy, qui bénéficiait d'un répit jeudi dans la crise politique née d'une succession d'accusations de conflits d'intérêts et de financement illégal, est loin d'avoir sorti la tête de l'eau. Claire Thibout, l'ancienne employée de la milliardaire, a été entendue de nouveau jeudi par la police et confrontée à Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune, chacun restant sur ses positions. Mme Thibout a maintenu ses propos tenus aux enquêteurs et au site d'information “Mediapart”, auxquels elle avait affirmé que Patrice de Maistre lui avait demandé d'aller chercher 150 000 euros à la banque avant l'élection présidentielle de 2007, selon une source judiciaire. Des propos “faux et romancés”, aurait affirmé Mme Thibout, alors que “Mediapart” “maintient l'intégralité de ses écrits”.Pour rappel, les premières déclarations de Claire Thibout avaient déclenché l'ouverture d'une enquête de la justice sur d'éventuels dons illégaux et une véritable crise au plus haut niveau de l'Etat, du fait de la mise en cause d'Eric Woerth, chargé de la réforme cruciale des retraites. À partir de là, un sondage CSA a fait ressortir que plus d'un Français sur deux (55%) juge d'ailleurs que Nicolas Sarkozy doit procéder à un remaniement de son gouvernement. Cette perspective a été rejetée jeudi par le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, qui a déclaré que “c'est pas pour maintenant”. Nicolas Sarkozy, au centre du scandale politico-fiscal, qui doit présenter mardi en Conseil des ministres la délicate et impopulaire réforme des retraites, semblait également devoir être conforté au moins sur un point de cette affaire dans laquelle il est mis en cause à plusieurs titres. L'Elysée dit attendre avec sérénité la publication, initialement attendue vendredi, mais qui devrait finalement être rendu public lundi au plus tard, d'un rapport administratif interne sur la gestion du dossier fiscal de Liliane Bettencourt, dont M. Woerth est soupçonné d'avoir couvert de possibles fraudes.