Résumé : Fayçal était tombé amoureux de moi lors des premières vacances qu'il passa au pays. Quelques années plus tard, il revint demander ma main. Déçu par mon refus, il repartit en Europe et je ne le revis qu'au décès de ma grand-mère… 82eme partie 1993 – LE DECÈS DE YASMINA Elle est partie un jour d'hiver alors que le ciel menaçait d'éclater. Une courte maladie l'emporta alors que je ne m'y attendais pas. J'avais fait quelque jours auparavant un rêve prémonitoire où j'avais vu mon arrière-grand-mère Razika venir la chercher. Je crus que je n'allais jamais guérir de ce chagrin. J'ai vécu des jours et des mois durant comme un ermite sur une île perdue, alors que j'étais entourée par tous les miens. J'étais la plus proche d'elle. Bien que mon père et mon oncle Mohamed soit affligés par son départ vers l'éternité, j'étais la plus ébranlée. Mes larmes s'étaient taries mais j'étais anéantie. Je ne voulais pas accepter la fatalité. Ma grand-mère frôlait les 89 ans. Elle était âgée, certes, mais encore solide sur ses pieds et avait gardé toute sa mémoire et sa lucidité. La veille encore, nous faisions ensemble des projets. J'espérais la garder auprès de moi le plus longtemps possible. Hélas, je compris qu'il me fallait du courage. Beaucoup de courage pour affronter ce coup du destin. Ma foi en Dieu s'avéra plus que nécessaire en ces moments de chagrin. Je le priais matin et soir afin qu'il me vint en aide pour surmonter ma peine. Petit à petit, et grâce au soutien indéfectible de mon entourage et de mes amis, je pus reprendre enfin pied. Quelques mois plus tard, je lançais mon propre journal. C'était pour moi un réel exploit, alors que je n'avais pas encore 28 ans ! Ma petite expérience de quelques années dans la presse m'aida énormément dans ce projet qui avait somnolé longtemps au fond d'un tiroir. Si j'en tirais une grande fierté, elle ne sera jamais totale sans la présence de mon aïeule. Je lui avais tellement parlé de ce projet, qu'elle en était toute imprégnée. Nous avions même décortiqué ensemble certains aspects pour la conception et la réalisation de la maquette et des différentes rubriques. Quand j'eus le premier numéro entre les mains, mes larmes coulèrent sans discontinuer. J'avais tant rêvé de ce jour. Mais il arrivait un peu tard. Ma grand-mère en aurait été si fière ! Je continuais mon petit bonhomme de chemin sans trop d'illusions. Pour occuper mon esprit, je lisais énormément et rédigeais sans arrêt des articles, des nouvelles, quand ce n'est pas de grands reportages qui m'occupaient. Je voyageais aussi souvent que je le pouvais. Assoiffée de savoir, je m'intéressais à tout et tentais par tous les moyens d'enrichir mes piètres connaissances. À ce rythme, je commençais enfin à regarder la vie sous un autre jour. L'image de Yasmina s'affichait souvent devant mes yeux. Elle guidait mes pas et m'encourageait à aller toujours de l'avant. (À suivre) Y. H.