En cette longue période de terrible chaleur, synonyme de véritable fournaise à laquelle sont confrontés les citoyens de Ghardaïa et de toutes les communes qui la composent, drapées dans une canicule oscillant entre 42 et 45° Celsius, que ce soit à Metlili, à Berriane ou à El-Ménia, ce sont les mêmes protestations de citoyens qui s'insurgent contre ces coupures qui d'un côté occasionnent d'énormes dégâts au matériel électroménager, et d'un autre accentuent le pourrissement des denrées alimentaires sensibles. Ce qui a, on s'en doute, provoqué le courroux de certains citoyens qui affirment avoir jeté aux ordures des produits périssables après leur décongélation. Produits achetés, en ces temps de cherté de la vie, au prix de sacrifices pas toujours évidents. Avant-hier, le populeux et populaire quartier de Aïn Lebeau à Ghardaïa, a vécu en fin de journée une effervescence inhabituelle suite au mouvement de protestation enclenché par les citoyens excédés par les incessantes coupures intempestives d'électricité, notamment aux heures les plus chaudes de la journée, soit entre 12 et 16 heures. Le ras-le-bol des citoyens s'est accentué lorsque l'alimentation en eau potable est devenue plus qu'aléatoire, rendant leur quotidien infernal, notamment pour les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques. “Je vous assure que chaque jour dès le déjeuner avalé, je place ma femme et mon nouveau-né dans ma voiture avec le climatiseur, et ce, jusqu'en la fin d'après-midi. Est-ce que vous trouvez ça normal ?”, fulmine Mustapha, cadre dans une administration locale. “Nous avons tout essayé pour faire bouger nos responsables, en vain, il n'y a apparemment que la contestation et l'occupation de l'asphalte qui puissent leur faire quitter un instant leurs bureaux cossus et climatisés, alors ils en auront autant de fois qu'il en faudra”, ajoute un jeune, en 3e année de droit à l'université de Ghardaïa. “Notre quartier, qui est le plus populaire en termes de densité de la population, au niveau du chef-lieu de wilaya, continue à être marginalisé par les autorités locales”, affirme Ahmed B. quadragénaire à l'œil vif. Et d'ajouter : “Regardez, c'est l'abandon total, ni trottoir ni abribus, ni bitume dans nos ruelles, ni éclairage public et j'en passe.” Des dizaines de jeunes gens ont alors investi la chaussée, l'obstruant depuis 14h30 à l'aide de grosses pierres, de bacs à ordures et de pneus enflammés ainsi que de divers objets hétéroclites, coupant ainsi à la circulation de cette importante route desservant la palmeraie et la daïra de Dhaïa Ben Dahoua. Ce qui a engendré un indescriptible embouteillage en aval et en amont de ce point de contestation. Les contestataires ont refusé de discuter avec les représentants de l'APC de Ghardaïa et même avec le chef de daïra, arrivé vers 17h. Ils ne voulaient discuter qu'avec le wali ou son intérimaire. Entre-temps, le directeur régional de Sonelgaz, M. Saoudi, a pu apaiser un tant soit peu la tension en informant les citoyens que “les délestages par balayage continueront encore pour quelques jours, mais que son entreprise continuerait à fournir des efforts pour qu'ils cessent le plus rapidement possible”. C'est vers 17h30, que le wali par intérim, en l'occurrence le secrétaire général de la wilaya, M. Ali Boulatika, accompagné de M. Ahmed Boukhari, P/APW de Ghardaïa, arrive sur les lieux. Il engage immédiatement la discussion avec quatre personnes mandatées par les citoyens. Après avoir écouté leurs revendications axées essentiellement autour des coupures d'électricité mais aussi du déficit chronique en eau potable, le premier magistrat de la wilaya a instruit le directeur du réseau de Sonelgaz, présent sur les lieux, “de prendre toutes les mesures afin de restaurer la distribution de l'énergie électrique à ce quartier, quitte à installer même pour une durée provisoire, un groupe électrogène d'une puissance conséquente, en attendant de régler ce problème”.