Le gouvernement confirme là une démarche autoritaire en refusant le débat parlementaire et la possibilité d'amendement de sa politique économique. “Il y a la crainte de voir le pays s'installer dans l'autocratie plutôt que de construire la démocratie.” Ces propos d'Ahmed Benbitour, ex-Chef de gouvernement, qui s'était opposé à la volonté de Bouteflika de légiférer par ordonnance, concernant les réformes économiques, prennent aujourd'hui toute leur signification. Preuve de ce despotisme bouteflikien — que d'aucuns n'hésitent à comparer à Bonaparte —, la volonté du Président algérien à légiférer par ordonnance et à concocter des lois au sein d'un cercle restreint, “équipe de fidèles”, annulant de la sorte le rôle du Parlement ou le transformant en simple guichet d'enregistrement. Cette démarche autoritaire semble se vérifier. La session d'automne 2003 de l'Assemblée populaire nationale (APN), ouverte hier matin, aura à voter pas moins de 11 ordonnances présidentielles relatives aux règles générales appliquées à l'importation et à l'exportation des marchandises, aux zones franches, à la concurrence, aux droits d'auteur et droits voisins, aux marques, aux brevets d'invention, aux règles générales relatives à l'aviation civile, à l'obligation d'assurance contre les effets des catastrophes naturelles et l'indemnisation des victimes et enfin à la monnaie et au crédit. Le président de la République l'a déjà fait avec l'ordonnance sur la gestion, l'organisation et la privatisation des capitaux marchands de l'Etat. Celle qui a poussé Benbitour à démissionner. “Le Président gouverne essentiellement par décrets, alors que les lois sont initiées ou corrigées par les experts de l'administration présidentielle”, affirme un opérateur économique. Cet homme d'affaires avisé cite le nouveau tarif douanier élaboré dans la précipitation et sans consultation, ni du syndicat, ni des opérateurs économiques. Le gouvernement, suite à une série de contestations, a introduit des amendements que d'aucuns qualifient de mineurs. Notre interlocuteur évoque aussi l'article 95 de la loi de finances pour 2003. La disposition a été abrogée par le biais d'une ordonnance signée par le président Bouteflika (ordonnance 03-04 du 19 juillet 2003 relative aux règles générales applicables aux opérations d'importation et d'exportation de marchandises). Pour attirer l'investissement, il faut assurer la stabilité et la prévisibilité. Aussi, faut-il absolument garantir la stabilité des textes et des institutions régissant l'investissement. Certes, les textes et les institutions sont perfectibles, mais quand on a la chance d'avoir une stabilité financière acquise, il y a plus à gagner avec des textes et des institutions stables qu'avec leur changement, même si l'intention procède d'une prétention de perfection. Rien n'est plus nuisible à l'investissement national ou étranger que les changements répétés du cadre de référence ! L'investisseur se perd et a le sentiment de s'adresser à une économie incertaine. La compétence voudrait qu'on apporte des mesures, même correctives, qui renforcent la fiabilité. L'opinion, qui ne saisit pas toujours les codes propres au sérail algérien, comprend moins pourquoi le “cercle présidentiel” s'acharne à vouloir changer les lois et en quoi ces nouvelles lois vont-elles favoriser l'accélération des réformes et des projets en souffrance. Et d'abord, “existe-t-il des projets ou des opportunités qui n'ont pu être menés à terme, à cause des lois en vigueur ?” D'où le constat accablant qu'avait fait Benbitour, six mois après avoir démissionné, sur le règne de Bouteflika marqué, selon lui, par “un incroyable règne de l'approximation, de l'illisibilité et de l'illusion”. M. R. Pétrole La baisse de la demande d'essence calme les cours Les cours du pétrole poursuivaient leur repli, hier matin, face à la perspective d'une diminution de la demande d'essence, la pleine saison de consommation liée aux vacances étant terminée aux Etats-Unis. Vers 10h00 GMT (12h00 à Paris), le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, référence sur l'International petroleum exchange (IPE) de Londres, valait 29,08 dollars, après avoir ouvert à 29,22 USD et clôturé lundi à 29,25 USD. “Les informations sur une tentative de reprise des exportations irakiennes de brut pèsent aussi sur les cours", ont indiqué les analystes de Sucden. “Les exportations irakiennes ont atteint environ 645 000 barils de brut par jour en août, juste sous l'objectif de Bagdad de 650 000 barils par jour pour ce mois”, ont-ils noté. Selon les analystes, le repli des cours était également limité par le fait que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait laisser son plafond de production à 24,5 millions de barils par jour lors de sa prochaine réunion, prévue le 24 septembre à Vienne. Le prix officiel du panier de l'Opep, moyenne de sept bruts mondiaux, s'est établi à 28,62 dollars le baril lundi, contre 28,90 USD vendredi, selon l'Opecna, l'agence d'information du cartel.