Dans cet entretien, le président de la Fédération algérienne de tennis, Halim Azzi, dresse un premier bilan après une année et demi de travail à la tête de la FAT. L'ex-DTN de Levallois reconnaît avoir été confronté à des faux problèmes qui entravent le bon fonctionnement de son programme. Nullement découragé, le patron de la FAT veut hisser le niveau du tennis algérien et par la même occasion former une élite de demain en mesure de prendre part à d'importants tournois mondiaux tels que Wimbledon ou encore Rolland-Garros. Il en parle. Liberté : Tout d'abord, quel bilan faites-vous depuis votre installation à la tête de la Fédération algérienne de tennis ? Halim Azzi : Avant de répondre à cette question, il faut savoir que si j'ai choisi de rentrer définitivement au pays c'est pour l'unique but de mettre ma modeste expérience au service du sport algérien en général et le tennis en particulier. Je suis un Algérien orgueilleux et amoureux de son pays, un homme de challenge qui veut à chaque fois relever les défis. Il faut savoir que la FAT et le BF ont tracé un plan de travail visant à long terme d'obtenir des résultats satisfaisants sur le plan international, c'est-à-dire, avoir un champion algérien parmi les 10 meilleurs joueurs mondiaux. La graine de star existe bel et bien en Algérie, mais elle a besoin de moyens pour s'exprimer. À moyen terme, nous voulons vulgariser la discipline dans le pays et avoir une pratique de masse. Je ne vous apprends rien : le tennis est un sport éducatif par excellence. Donc, nous allons tout faire pour atteindre les objectifs que le BF et moi sommes assignés. Pour revenir à votre question, je dirais que je ne m'attendais pas à trouver autant de faux problèmes et cela a énormément freiné l'évolution de mon programme de travail. On comprend par là que vous n'êtes pas encore parvenu à remettre de l'ordre dans la discipline… On ne pourra pas régler les choses en cliquant les doigts. Je n'ai pas de baguette magique afin de réussir à former et moderniser la discipline dans le pays. Sur le fonctionnement fédéral, nous sommes en train de mettre à jour les statuts et les nouveaux règlements que nous comptons adopter lors de la prochaine assemblée générale. Concernant l'organisation générale : des faiblesses existent. Sans rentrer dans les détails, nous devons solutionner ces problèmes dans les plus brefs délais. Je tiens à signaler que nous avons introduit une nouvelle dynamique et une activité intense à la FAT. Nous respectons à la lettre le programme adopté lors de l'AG. Pour ce qui est de la compétition, la FAT organise en moyenne 26 compétitions par an, soit un tournoi chaque deux semaines. C'est un rythme raisonnable et positif pour les joueurs et les entraîneurs dans leur marge de progression. En termes de formation : plus de 300 initiateurs sont en formation. Des séminaires ont été organisés pour la formation des directeurs techniques ainsi que la médecine du sport. La FAT n'a pas négligé le volet animation puisque le festival de tennis a été relancé cette année à Souk-Ahras qui a connu un grand succès. Aussi, il faut savoir que le beach-tennis a été lancé pour la première fois en Algérie à Skikda précisément, et ce, en collaboration avec le COA. Si vous avez abordé différents volets, en revanche, nous voulons bien connaître les résultats obtenus par l'Algérie cette année ? Dans l'ensemble, j'estime que nous avons progressé, en atteste les résultats obtenus. L'équipe nationale messieurs a été demi-finaliste de la Coupe Davis alors que les dames (seniors) ont réussi le même résultat lors de la FED CUP. Chez les jeunes, l'EN (U14) est vice-championne arabe. Il est vrai que nous aurions aimé faire mieux, mais c'est déjà pas mal pour un début. Et comment comptez-vous procéder pour justement hisser le niveau du tennis en Algérie ? C'est simple : seule une équipe soudée et solidaire aux rapports harmonieux permettra d'atteindre le niveau mondial. Pour ce faire, des démarches s'imposent. Chaque dirigeant doit tenir son rôle, le nôtre, celui des élus, du président, du bureau fédéral et de l'assemblée générale. Il est clair que les moyens financiers, humains, organisationnels, permettent cette réussite. Le sport est avant tout un moyen de permettre à nos jeunes d'évoluer dans un milieu sain. C'est ce que nous voulons inéluctablement faire. Ce projet que le BF a souhaité générer se limite à une raison fondée sur le principe que le sport est un des meilleurs vecteurs d'intégration et de cohésion sociale. Certains résultats de l'équipe nationale de football l'ont démontré. Je pars du principe qu'en ouvrant la pratique du tennis ou du sport en général, on développe du coup une culture de la performance. Donc, réussir notre projet veut dire multiplier les chances de victoires des joueurs et joueuses qui défendent les couleurs de l'Algérie. Alors, soyons fiers de ce que nous allons entreprendre, travaillons pour qu'il y ait de plus en plus de joueurs et joueuses épanouis. Notre mission consiste à leur donner ce coup de pouce pour devenir des champions. Mais pour en arriver là, et comme je l'ai toujours déclaré, il faut passer par des étapes nécessaires. Justement, en tant que premier responsable de la FAT, peut-on pratiquer le tennis dans un club ? Actuellement, les infrastructures en général sont fermées depuis quelques années et celles ouvertes sont loin de correspondre au besoin recherché pour la bonne pratique de la discipline. Comment voulez-vous qu'on place un joueur dans le haut niveau alors que les conditions de pratique de base ne sont pas réunies. À Alger, par exemple, les portes des clubs de Hydra et Bachdjerrah sont closes et ce, depuis belle lurette pour des raisons incompréhensibles. En plus, il ne suffit pas de les ouvrir seulement, des connaisseurs du tennis doivent les gérer dans l'unique et seul but former l'élite de demain et permettre en même temps aux jeunes une éducation sportive saine. Il ne s'agit en aucun cas de céder aux privés les clubs existants mais pour nous, la FAT, nous voulons, en partenariat avec le milieu éducatif, offrir les meilleures conditions nécessaires de gestion et de pratique. Mais vous avez toutefois réussi à ouvrir le club de la Tabacoop de Annaba, c'est cela ? D'abord, je tiens à remercier le ministre et le wali de Annaba qui ont fait des pieds et des mains pour accorder la gestion du club de tennis de la Tobacoop. D'ailleurs, nous avons, lors de la cérémonie d'inauguration, accueilli plus de 2 500 enfants participant à cette journée portes ouvertes. J'ai constaté avec beaucoup de satisfaction l'engouement des familles et autres enfants pour le tennis et ce, dans le territoire national. Et en tant que premier responsable de la FAT, il est de mon devoir de vulgariser la discipline et par la même occasion d'orienter notre jeunesse vers une éducation saine. Si les moyens seront réunis, je peux vous dire qu'on pourra former de futurs champions. Justement, peut-on parvenir à voir le tennis national représenté dans d'importants tournois internationaux ? Rien n'est impossible. Je vais peut-être vous surprendre mais c'est la vérité : des tournois comme Wimbledon ou encore Rolland-Garros sont accessibles aux Algériens. Il faut entre 8 et 10 ans de formation et de travail pour atteindre ce stade. En un mot : tous les dirigeants (MJS, FAT, ligues, clubs et associations) doivent faire en sorte que toutes les conditions de pratique soient réunies (infrastructures de qualité, matériels, encadrement, arbitres et organisations de compétitions). La chose la plus importante est la compétence. Je ne parle pas pour le tennis seulement mais pour le sport en général. Certains ont tendance à dire que le manque d'infrastructures est le seul handicap qui prive l'Algérie de meilleurs résultats. C'est archifaux. Dans la plupart de nos disciplines, le niveau existe, la patte aussi, mais le problème réside dans l'absence d'un encadrement compétent et d'un travail rigoureux.