Abdelhalim Azzi, président de la Fédération algérienne de tennis, ancien tennisman et cadre de valeur (il est diplômé du droit du sport à l'université de la Sorbonne ) ambitionne de professionnaliser le tennis en Algérie. Pour ce faire, le patron de la FAT a tracé, depuis son élection, un programme ambitieux visant à former une élite capable de représenter dignement les couleurs du pays lors des plus importantes joutes internationales. Dans cet entretien, le médaillé de bronze du meilleur directeur sportif en France (2001) dresse un premier bilan et parle des grandes lignes de son programme d'action. Liberté : Depuis votre élection à la tête de la Fédération algérienne de tennis, quel est le constat que vous avez fait et les démarches entreprises pour y remédier ? A. Azzi : Que voulez-vous que je vous dise ? Je ne suis pas le genre de personne qui se plaint. Si j'ai été élu, c'est bien pour mettre mon expérience et mon savoir-faire au service du tennis algérien. Pour revenir à votre question, je dirai malheureusement que le constat a été alarmant en ce sens que beaucoup de choses manquent à cette discipline en proie à des problèmes récurrents, et ce, sur tous les plans. À commencer par l'absence flagrante de dirigeants actifs. Je ne vous apprends rien, la présence de personnes compétentes est primordiale pour atteindre les objectifs assignés par la Fédération. Il y a aussi le manque de matériel, les outils de travail sans parler des budgets assez réduits. Ajoutez à ces problèmes de taille les infrastructures adéquates. Figurez-vous que j'ai trouvé des terrains en abandon sans parler des soucis auxquels les clubs sont confrontés. En un mot : tout était à revoir. Et pour remédier à cette situation délicate, il fallait absolument prendre attache avec les pouvoirs publics et les collectivités locales qui se sont montrés très insensibles à nos inquiétudes. D'ailleurs, ils étaient disponibles à encourager et financer notre programme d'action à condition bien sûr de trouver des dirigeants crédibles. À cet effet, la Fédération algérienne de tennis a axé son champ d'action sur la formation, et ce, en prenant en charge les enfants des quatre coins du pays. À travers cela, nous ambitionnons de former une élite nationale de haut niveau en mesure d'entraîner la discipline vers le haut niveau. Avec du sérieux et de l'abnégation dans le travail, on pourra voir des Algériens prendre part à d'importantes joutes internationales. Pour ce faire, on va miser sur les jeunes et nous allons leur prodiguer les conseils et la formation nécessaires. On imagine que les grandes lignes de votre programme consistent également à hisser le niveau du championnat national… Il n'y a pas que cela. Comme je vous l'ai déjà affirmé, il faut passer inéluctablement par des étapes. Je ne vous apprends rien : le niveau de l'élite nationale est moyen, voire faible, et ce sont certaines initiatives qui ont permis à des athlètes de prendre part à des tournois internationaux. N'oubliez pas que le MJS a attribué à certains joueurs des bourses à l'étranger. Et c'est pour cette raison qu'ils ont réussi néanmoins à se frotter au ghotta mondial. Toujours est-il que cela demeure insuffisant. Et pour remédier à cela, la Fédération algérienne de tennis insiste sur la création de centres de formation locaux, régionaux et nationaux, la mise en place d'une cellule de détection de jeunes talents. Les entraîneurs ou bien les formateurs doivent aussi remplir des critères bien définis. C'est dire qu'il faut toute une révolution en vue de permettre au tennis algérien d'occuper une place honorable sur la scène internationale. En toute modestie, le tennis fait partie de ma vie et comme j'ai eu l'occasion de travailler à un haut niveau, je peux vous dire que les grandes lignes de mon programme sont réalisables. Mais à voir le niveau du championnat national, force est de reconnaître que la FAT aura du pain sur la planche pour atteindre ses objectifs… Je suis quelqu'un qui ne recule devant rien. Concernant la compétition, la FAT a mis en place une stratégie visant à ce qu'il y ait plus de compétitions durant l'année. C'est à travers ce genre de stratégie qu'on pourra aspirer former une élite solide et compétitive à la fois. D'ailleurs, un circuit de tournois avec comme moyenne un tournoi par ligue a été mis en œuvre. C'est la FAT qui financera ces joutes. Il existe 14 ligues à travers le territoire national et 14 tournois dont l'un coûte 200 000 DA à la FAT. Nous nous sommes engagés vis-à-vis des ligues pour qu'il y ait plus de compétitions durant la saison. De son côté, les ligues et les clubs s'engagent aussi à organiser des tournois. Résultat des courses, on se retrouve avec plus de compétitions, ce qui va, à coup sûr, permettre aux joueurs de faire des progrès énormes. Voilà en ce qui concerne la compétition nationale. Et sur le plan international ? Nous n'avons rien laissé au hasard. Bien sûr que nous allons bien prendre part à des joutes internationales. Toujours est-il que nous allons participé uniquement à des tournois plus accessibles à nos athlètes. En tout cas, cela fait une année que je suis à la tête de la Fédération et les choses commencent à rentrer dans l'ordre. Ceci dit, il reste encore beaucoup de boulot à accomplir.