Jamais l'Assemblée nationale n'a atteint les divergences qu'elle connaît présentement, à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne du Parlement. La teneur du discours du président de l'APN, Karim Younès, sur toutes les questions d'actualité d'importance, tout autant que le ton usité, a mis en évidence des divergences entre les différents partis politiques représentés au Parlement. Miloud Chorfi Président du groupe parlementaire du RND “On a été étonné et choqué, en tant que groupe parlementaire du RND, du discours de Karim Younès. Pour nous, ce n'est pas le discours d'un président de l'APN, mais plutôt celui d'un président de parti devant ses militants et ses cadres. Le RND ne se reconnaît pas dans le discours de Karim Younès et ne se sent pas concerné par lui. Karim Younès a déplacé un conflit extérieur à l'APN en son sein. En tant que groupe parlementaire, on est prêt à voter toutes les ordonnances, car elles viennent de la présidence de la République. Tout comme nous sommes disposés à adopter, après débat et enrichissement, tous les projets de loi qui émanent du gouvernement. On votera, par contre, contre les projets qui seront fabriqués dans les salons et les cafés.” “De quels projets s'agit-il ?”, avons-nous interrogé. “Je ne sais pas”, a répondu Chorfi. Abderezak Mokri Président du groupe parlementaire du MSP “C'est un discours brûlant qui montre qu'il y a une tentation dans l'action politique. Est-ce qu'il s'agit d'une prise de position de la part de la personne de Karim Younès en tant que militant d'un parti ou alors d'une attitude politique nouvelle ? Les jours à venir vont nous renseigner davantage sur cela. Cela dit, on n'est pas partie prenante de cette tension au sein des partis. La dissolution de l'Assemblée nationale n'est pas une démarche logique pour le moment, puisque rien ne la justifie. Les jours à venir vont nous renseigner sur la présente tension entre l'APN et la présidence de la République et sur l'éventualité de la dissolution de cette institution. Toujours est-il et s'agissant de la légifération par ordonnance, on pense qu'il y a une exagération en la matière, surtout que les projets concernés ne sont pas pressants. Le président de la République peut attendre la session du Parlement et soumettre les projets aux députés pour les débattre et les enrichir. Le président de la République nous a privé de cela." Abbès Mekhalif Président du groupe parlementaire du FLN “C'est un discours objectif, transparent et honnête qui exprime l'essentiel des préoccupations citoyennes. Aussi et en tant que porte-parole de l'institution législative, il a eu à s'exprimer en toute responsabilité sur toutes les questions nationales d'importance à l'image de la liberté de la presse, des institutions de la République, du mulipartisme, des prérogatives des parlementaires, de l'école, du séisme et de la rentrée sociale. L'Assemblée nationale, en tant qu'institution indépendante de contrôle, a le devoir et le droit de mettre en évidence toutes les insuffisances dans la gestion des affaires publiques. Quant à l'éventualité de la dissolution de l'APN, nous ne lui trouvons aucune justification. Cela dit, elle reste l'une des attributions du président de la République. S'ils veulent l'utiliser comme moyen de pression, nous disons que les institutions se gèrent sur la base des lois de la République et non pas par des pressions. Le pays a d'abord besoin que ses problèmes de chômage, de logement, d'eau, de crise de Kabylie, de l'école, des travailleurs soient réglés. Toujours est-il, la dissolution de l'Assemblée nationale ne nous inquiète aucunement, car nous avons la conviction que si nous retournons à la population pour d'autres élections, nous gagnerons plus de siège que présentement.” Djelloul Djoudi Président du groupe parlementaire du PT “Le président de l'APN n'a pas été clair dans ses prises de positions. Nous aurions aimé qu'il dise qu'il est contre la légifération par ordonnance que nous refusons en tant que groupe parlementaire parce que pour nous c'est une forme de dissolution de l'APN. Notre rejet à la légifération par ordonnance s'explique par deux raisons : sur le plan de l'éthique, c'est inadmissible de recourir à ce procédé en intersession et sur des sujets aussi sensibles. Sur le plan économique, ce sont des ordonnances qui représentent un véritable danger à l'économie nationale.” Hassan Benallègue Président du groupe parlementaire des indépendants “Karim Younès a été clair, il a déclaré la guerre et a ouvert un front contre le Président. Le peuple a son mot à dire au moment opportun et on pense qu'il est prématuré d'évoquer la question de la présidentielle maintenant.” Mohamed Boulahia Président du groupe parlementaire du MRN “Le discours de Karim Younès est très raisonnable. Il a abordé toutes les questions d'actualité. Quant à la dissolution de l'APN, à notre sens, elle n'est pas justifiée. Tout comme celle de la légifération par ordonnance qui prive le député de débattre, d'enrichir et d'amender le projet.” N. M.