Les centres de paiement Cnas de la capitale ont connu une affluence estivale sans précédent. Le centre de paiement CNAS d'Alger-Centre a enregistré 707 arrêts de travail déposés durant le mois d'août, dont les trois quarts au motif de conjonctivite. “C'est la première fois qu'on note un aussi grand nombre d'arrêts de travail en pleine saison estivale”, déclare le responsable du centre. Ce dernier nous propose de faire un tour au centre de paiement CNAS de Bab El-Oued. Sur place, l'on a relevé dans les services une hausse significative des dépôts d'arrêt de travail. Cela est lié à cette épidémie. Hier à 11h30, à la CNAS d'Alger-Centre, il y avait au moins 100 personnes qui se bousculaient devant les guichets, dont la moitié est venue pour déposer des congés de maladie et se faire rembourser les dépenses induites par l'épidémie de conjonctivite. Les contrôleurs médicaux sont dépassés par cet afflux de malades. Le remboursement des indemnités journalières et les contrôles médicaux sont les principales activités durant ce mois. Au fond de la salle, on remarque un médecin contrôleur avec les yeux larmoyants, il nous dira : “Ce sont les dernières séquelles de cette maladie.” Il ajoute qu'il a contracté le virus dans son service. On apprend aussi par notre interlocuteur que certains centres de paiements sont quasiment fermés, car le personnel a été contaminé. Selon lui, les mesures prises pour éloigner les malades de leur lieu de travail restent une action préventive importante, mais il est à souligner que ce n'est pas le seul foyer pour contracter cette maladie.On ne peut pas le nier, l'épidémie de la conjonctivite prend une telle ampleur que certaines officines connaissent un véritable afflux sur les anti-inflammatoires ophtalmiques : Rifamicyne, Chibroxyne, Fucithalmic, Oriomicyne, etc. Parfois, il y a même des ruptures de stock. Un pharmacien de Didouche-Mourad nous confiera : “Nous avons enregistré un manque momentané de certains collyres. Cela est dû aux grossistes qui font de la restriction sur le médicament.” “Dieu merci, certains collyres peuvent être remplacés par d'autres”, ajoute-il. Afin d'avoir plus d'informations concernant la pénurie des collyres, nous avons contacté Mme S. Baouche, chargée de la communication de la société Biopharm (société d'importation et de production de produits pharmaceutiques), qui nous confirme que “réellement” un manque de collyre a été enregistré et cela est dû au producteur qui ne s'attendait pas à recevoir une telle demande, surtout en période de congé annuel. Des problèmes d'acheminement ont aussi été vécus par ces importateurs. Mme S. Baouche nous explique : “Les collyres ne sont pas des médicaments que les laboratoires peuvent garder en stock, les usines ferment durant le mois d'août. Nous étions obligés de faire une commande standard non conforme au dispositif algérien pour que les médicaments soient livrés à temps.” La société Biopharm a distribué plus de 300 000 à 400 000 collyres durant cette période à différentes institutions, le ministère de la Santé, la Pharmacie centrale, le ministère de la Défense et les officines, et ce, en plus d'une commande de 100 000 collyres. “Espérons que cette épidémie régressera car, à ce rythme, les producteurs ne pourront plus assurer les commandes”, conclura le chargé de la communication. N. A.