L'orientation informatisée des bacheliers 2010 a, une fois de plus, fait de nombreux mécontents qui s'interrogent sur l'utilité de décrocher le fameux bachot avec mention pour être orienté par un ordinateur vers des études jamais souhaitées. Recevoir le fameux SMS annonçant sa réussite au bac et la voir confirmée sur la liste officielle de son lycée ne veut aucunement dire, du moins pour beaucoup de bacheliers, l'accès à l'université de son choix et, par ricochet, la concrétisation du rêve tant caressé. Et comme chaque année, un peu plus cette année pour des raisons évidentes, l'orientation informatisée des bacheliers 2010 n'a pas fait que des heureux. Nombreux sont ceux pour qui en cette journée du 29 juillet a carrément emporté la joie et l'emballement ressentis en cette date historique du 5 Juillet qui a coïncidé avec l'annonce des résultats du bac. La consultation de la boîte e-mail pour y découvrir l'affectation de l'ESI était appréhendée par tous ceux qui ont opté pour des filières dont l'accès est subordonné à des conditions strictes telle la moyenne générale obtenue au bac qui sert à établir le classement des postulants aux différentes branches. Car il ne suffit pas de décrocher le bac pour avoir droit à une place pédagogique à l'université de son choix. Entre la disponibilité des places et la moyenne obtenue, le bachelier risque de se voir orienter vers des études qui ne l'ont jamais intéressé. “Je n'ai jamais vu autant de bacheliers déçus”, nous confie un agent d'administration à Bouzaréah. À en croire les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les étudiants “désorientés”, qui ont été affectés vers une filière ne figurant pas parmi les dix choix établis, ne représentent que 4%. Soit 9 836 étudiants orientés vers des études qui ne les emballent pas trop voire pas du tout. C'est, en général, le cas de ceux qui ont eu le bac de justesse avec mention passable pour une moyenne de 10. Les cohortes qui ont servi à gonfler le taux de réussite ont, certes, eu droit à une place pédagogique mais pour des études choisies par l'ordinateur. C'est le cas de Sihem dont un 10,20 au bac ne lui a pas donné trop de choix. “J ai été orientée vers des études en droit qui ne m'intéressent pas du tout. Ce que je ne comprends pas, c'est que ma copine qui a eu un 13,75 se retrouve avec moi dans la même faculté alors qu'elle voulait faire des études de journalisme.” La copine en question était dans tous ses états et ne pouvait placer un mot. “Son rêve d'être journaliste s'est évaporé alors qu'elle a toujours été brillante et studieuse. Elle disait qu'elle ferait tout pour être journaliste”, raconte Sihem. Nombreux sont les étudiants rencontrés à la faculté de droit qui ont avoué que cette branche ne figurait pas parmi leurs premiers choix. Si certains se résignent et ne comptent même pas introduire de recours, car cela ne servira à rien, d'autres ont déjà effectué l'opération et ne comptent pas faire des études choisies par l'ordinateur. D'autant qu'ils ont décroché l'épreuve avec une bonne moyenne. C'est le cas de Fouad qui a eu un bac sciences expérimentales avec un 12,36 de moyenne. “Je n'ai jamais été attiré par cette branche d'études. Je ne me vois pas du tout avaler tel un perroquet un tas de lois et de modules littéraires. Des études en gestion étaient mon premier choix suivi par pas mal de filières dispensées à Bab Ezzouar, et voilà où je me retrouve.” Ce bachelier complètement désemparé est décidé à s'opposer à ce qu'il qualifie “d'injustice”. “Il n'est pas question pour moi de faire des études en droit quitte à renoncer car, de toutes les façons, je ne vais pas réussir.” À en croire les dernières déclarations du ministre de l'Enseignement supérieur, l'orientation ne dépend pas des places pédagogiques. Comment expliquer que des bacheliers qui ont opté pour une filière donnée, à laquelle leur moyenne leur ouvre droit, soient orientés vers une autre ? C'est le cas de cette bachelière avec plus de 14 de moyenne qui a opté pour des études en pharmacie et qui se retrouve à Blida, alors qu'elle habite Bab El Oued, à l'université des sciences vétérinaires. Une seule conclusion, voire interrogation revient sur toutes les lèvres : à quoi sert le bac finalement puisque c'est l'ordinateur qui décide de notre avenir ?