Le pire a été évité après cet énième échec inexpliqué grâce à l'impressionnant dispositif de sécurité déployé aux alentours du stade 5-Juillet, à El-Biar et à Alger-Centre. La messe est dite : les Algériens veulent un changement immédiat à la tête des Verts. Ils demandent purement et simplement le départ du sélectionneur de l'équipe nationale, Rabah Saâdane. Les Algériens se font désormais une fixation sur Saâdane qui continue d'enregistrer des résultats catastrophiques. Aux yeux des fans du sport roi, les Fennecs n'enregistrent plus de résultats probants malgré les moyens mis à leur disposition, et ce, à cause des tactiques qu'improvise le coach. C'est dire que le scénario de la “caméra caché” était prémonitoire : “tactique suicidaire de quatre, six, zéro”. À la sortie du stade, les jeunes étaient en ébullition. Le pire a été évité après cet énième échec inexpliqué grâce à l'impressionnant dispositif de sécurité déployé aux alentours du stade 5-Juillet. Les supporters, qui ont longuement sifflé Saâdane, étaient en furie à la sortie des tribunes. Saâdane a complètement raté le premier match après son maintien à la tête de cette sélection qui recèle, pourtant, de grandes compétences. “Saâdane a montré qu'il est limité. Très limité. Allah ghaleb, cet homme doit déposer sa démission. En tout cas, il nous a déçus. Devant l'équipe du Gabon, très volontaire, nous avons eu droit à des joueurs absents et mal répartis sur le terrain et à un sélectionneur placide sur le banc de touche. C'est une honte !”, dira tout de go un commerçant de Draria, qui ne cache pas sa colère. Assis à même le sol, Rafik, chauffeur de taxi, semble étouffé en évoquant le naufrage de notre onze devant le Gabon. “Saâdane a raté le match de l'année. À la veille de l'arrivée de l'équipe d'Al Ahly (Egypte) à Tizi Ouzou, explique-t-il, au lieu de démontrer aux Pharaons que les Fennecs ont amplement mérité leur double qualification en coupe d'Afrique des nations et en Coupe du monde de football, Saâdane et son staff ont démontré le contraire. Ils ont humilié les Algériens. Ils doivent partir. C'est la fin d'une époque”. La déception se lit sur tous les visages surtout que cette énième défaite coïncide avec le premier jour du Ramadhan, ajouté à la canicule qui a sévi pendant toute la semaine. Les schémas tactiques sont mis à l'index comme si cette équipe est condamnée à jouer le rôle de figurant, donc condamnée à perdre même un simple match amical. “Je comprends tout sauf la tactique de Saâdane. Il avait fait jouer à la fois Ziaya et Ghezal, tous deux avant-centres, pour renforcer l'attaque. Or, les Algériens savent pertinemment que Ghezal a porté le coup de grâce aux Fennecs en Afrique du Sud alors que Ziaya n'était pas du tout préparé au vu du jeu qu'il avait développé. Pire, il y avait un attaquant qui jouait le rôle d'arrière-droit ! De deux choses l'une : soit Saâdane est incompétent, ce qui est loin d'être le cas même s'il est dépassé, soit nos joueurs ne méritent pas leurs places. C'est une situation kafkaïenne. La solution est simple : Saâdane doit, par respect au peuple algérien, déposer sa démission et laisser la place aux jeunes compétences, seul salut de l'équipe nationale de football”, développe Hamid, un fan qui a investi tout son argent pour assister aux matches des Verts en Afrique du Sud. Ali, étudiant en informatique de son état, ira plus loin. “L'Etat algérien est apparemment clément. Dans un autre pays, les responsables d'un échec répétitif sont comptables et sont entendus devant une commission composée d'experts et de spécialistes en football. L'Etat et le peuple ne doivent pas accepter la démission de Saâdane. Cet homme doit être limogé pour servir d'exemple. Nous méritons une grande équipe avec les moyens financiers et logistiques que l'Etat a débloqués. Il est temps d'arrêter les dégâts !”, dira-t-il en nous rappelant le dernier exploit des Fennecs devant les Anglais en Afrique du Sud. Dans les marchés comme dans les cafés maures, les Algériens sont désabusés. Déçus et révoltés, ils prédisent qu'avec un tel état d'esprit et d'irresponsabilité, les Fennecs n'iront pas loin. “Ils n'obtiendront même pas le championnat d'Algérie”, ironise encore cet étudiant visiblement désillusionné. Comme tous les Algériens jaloux du sort de leur équipe nationale.