Résumé : Aziz est revenu au pays alors que dans la région, on manifeste. Kahina et Tahar croient qu'il lui sera facile de ramener Sami à la maison. Mais ce dernier ne veut pas l'écouter, même s'il l'adore. Aziz craint pour lui. Il tient sa sœur pour responsable… 20eme partie -Comment ça c'est de ma faute ? Comment peux-tu me rendre responsable de ses agissements ? Ce n'est plus un enfant. Sami fait ce qu'il veut. - Oui, mais si tu n'avais pas tout fait pour le garder ici, il ne serait pas en train de mettre sa vie en danger ! rétorque Aziz à sa grande sœur. Il était furieux après lui, après elle. Jamais il n'aurait cru qu'un jour son neveu ne l'écoutera pas et refusera de le suivre. Si Kahina n'avait pas tout fait pour le retenir, Sami aurait été à mille lieux d'ici. Il ne serait pas en train de se rebeller contre les forces de l'ordre. - Mais je ne pouvais pas prévoir l'avenir, se défend Kahina. Je ne pouvais pas savoir qu'il y aurait un lycéen assassiné par un gendarme et que les villages kabyles protesteraient dans les rues. - Des jeunes ont été interpellés, lui apprend Aziz. Sami pourrait être arrêté pour troubles à l'ordre public. Des gens les ont vu casser. - Comment le sais-tu ? Qui te l'a dit ? - Le voisin. Même son fils est dehors. J'ai le sentiment que ça va empirer. Je regrette de t'avoir écouté, lui confie-t-il. Si je l'avais aidé comme il me l'avait demandé, il ne serait pas en train de manifester. J'ai souffert au premier printemps berbère. Je ne voudrais pas qu'il connaisse les coups, les injures et les humiliations. Je peux te jurer qu'ils n'y vont pas de main morte avec ceux qui osent troubler leur sommeil ! - Je ne pouvais pas savoir ! Tu ne peux pas l'aimer plus que moi, lui dit Kahina en larmes. S'il lui arrivait malheur, je ne me le pardonnerais jamais. - Ma chère sœur, il ne nous reste plus qu'à prier pour que Sami soit épargné. Il te demande de lui préparer à manger. Apparemment, il ne rentrera pas ce soir. Je voudrais bien savoir ce qu'ils sont en train de mijoter. Kahina et Aziz ne pourront jamais le savoir ce soir-là. Les sandwichs qu'elle prépare à leur intention sont restés dans le frigo. Ni Sami ni ses copains ne sont passés les récupérer. Allaient-ils rester à jeun ? Y avait-il quelqu'un de généreux qui allait leur offrir à dîner ? Que faisaient ils dehors ? La nuit était très avancée. Comme ils ne pouvaient pas trouver le sommeil, Aziz laisse la radio allumée. Des auditeurs apportaient des témoignages alarmants. Après Beni Douala, Amizour, c'était au tour d'autres villages de sortir dans les rues pour protester contre la répression. Les villes de Béjaïa et de Bouira étaient gagnées par la colère. Des manifestants s'en prenaient à tout ce qui appartenait à l'Etat, allant de la poste, à la Sonelgaz, à la mairie. Certains n'hésitent pas à mettre le feu à leurs parkings. Plusieurs voitures sont brûlées. Dans certains villages, la gendarmerie n'y échappe pas. Mais la réaction de ces “locataires” ne se fait pas attendre. Les manifestants sont si nombreux et leurs jets de pierres si précis que les gendarmes sont contraints de monter sur la terrasse par mesure de sécurité. Aussi, pour disperser la foule, ils se servent de gaz lacrymogène et tirent en l'air pour les effrayer. Mais les coups de feu tirés ne leur font pas peur. Rien ne pourra les arrêter. La colère de ces jeunes méprisés par le pouvoir les poussait à aller au-devant, à offrir leurs poitrines aux balles. Pour eux, cela se résumait ainsi : “Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts.” à suivre A. K.