Au moment où l'ONU pose un regard très critique sur la politique de la France et son absence de volonté de lutter contre les discriminations, alors même que le gouvernement est parfois accusé sinon d'organiser ces discrimination, du moins de les légitimer, l'opinion française, d'abord divisée, semble opter majoritairement pour le rejet de la politique sécuritaire de Sarkozy. Un sondage CSA, publié par l'hebdomadaire Marianne, est sans appel à ce sujet. Selon le périodique, près de sept Français sur dix jugent inefficace la politique sécuritaire menée depuis huit ans. Même à droite, 53% des sondés ont dénoncé l'inefficacité de cette politique. Autre fait significatif dévoilé par le sondage en question : 73% des sondés ont estimé que la hausse de la délinquance en France est due aux inégalités sociales. Ceci étant, les 18 experts du Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale ont rendu un rapport, la semaine dernière, qui condamne sans ambages le développement du racisme en France depuis 2005. Ils ont notamment déploré l'absence de “vraie volonté politique” des dirigeants français. Le pays des droits de l'homme a ainsi été sévèrement rappelé à l'ordre, après que le rapport eut fait référence au débat controversé sur l'identité nationale, à l'expulsion massive et répétitive des Roms, à la non-reconnaissance des droits des minorités dans la législation ainsi qu'au durcissement du discours politique de la droite au pouvoir, et principalement du président Sarkozy. Le rapport a critiqué, entre autres, le système d'attribution de visas aux gens du voyage et le droit de vote des sans domicile fixe assujetti à la résidence, depuis plusieurs mois, dans la même circonscription électorale. L'un des 18 membres du CERD a même comparé le carnet de circulation, obligatoire pour toutes les personnes sans adresse fixe, aux mesures décriées de la “période de Pétain”. Les dernières déclarations du président Sarkozy ont également été au cœur des débats, des experts de l'ONU avouant ne pas comprendre ce que “Français d'origine étrangère” veut dire et s'interrogeant, même si de telles terminologies sont “compatibles avec la Constitution”. La Ligue des droits de l'homme et plusieurs ONG se sont félicitées du rapport du CERD qui, estiment-elles, visent les véritables problématiques. De son côté, le gouvernement français organise sa riposte. “La France s'attache à garantir les libertés publiques et à préserver le droit à la sécurité, premier des droits de l'homme”, a déclaré jeudi le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche. Il est rare que la France soit ainsi épinglée et rappelée à l'ordre par l'instance onusienne, sur un thème dont elle prétendait faire à la fois sa vitrine et sa carte de visite. L'affaire n'est d'ailleurs pas finie parce que le projet de loi sur la déchéance de la nationalité, dont on ignore encore les contours, est toujours à l'ordre du jour, des Roms continuent de se faire expulser par dizaines et certains d'entre eux n'hésitent plus à manifester violemment, comme ce millier de personnes qui bloquent un pont, empêchant toute circulation.