L'atmosphère, durant ces premières soirées de Ramadhan, est plutôt morose dans la daïrda d'Ifri-Ouzellaguene, comme c'est le cas d'ailleurs à travers les autres localités de la vallée de la Soummam. Si, dans la journée, le centre-ville d'Ighzer Amokrane se trouve être plongé dans la torpeur, en raison du jeûne et de la chaleur caniculaire qui y règne en cet été, la foule renoue avec la rue durant la nuit. Néanmoins, les nuits longues de ce mois béni du Ramadhan se suivent et se ressemblent. L'animation nocturne d'antan fait défaut. Aucun programme d'activités culturelles ou sportives n'est venu égayer ces soirées ramadhanesques, du moins pour la première semaine de ce mois béni. À défaut d'une ambiance festive que les responsables locaux auraient pu créer à travers des soirées musicales et autres activités artistiques, les citoyens d'Ouzellaguene se sentent prisonniers d'une vie nocturne morne. Afin de tenter de sortir de cette situation léthargique, les gens se rabattent sur les cafétérias qui constituent, pour eux, le seul lieu de rencontre et, surtout, de divertissement. En effet, juste après la rupture du jeûne, des jeunes et moins jeunes prennent d'assaut les différents cafés de la commune, que ce soit en ville ou dans les villages. Si certains d'entre eux viennent siroter un café ou un thé pour se revigorer, d'autres, par contre, s'adonnent à d'interminables parties de dominos ou de jeux de cartes pour “tuer” le temps. Bien qu'il soit interdit par la loi, le jeu de loto fait partie également des moments de détente que s'offrent quelques férus de ce jeu de hasard. D'aucuns préfèrent, quant à eux, déambuler à travers les artères de la ville pour prendre de l'air frais et déguster, par-ci, par-là, un délicieux gâteau oriental (zlabia, kalb ellouz, baqlaoua…). Par ailleurs, les quelques cybercafés existant au chef-lieu communal sont plus que jamais convoités pendant ces veillées ramadhanesques, notamment par les jeunes accros du Net qui s'offrent, l'espace de quelques heures, des moments d'évasion dans un monde virtuel. Les sites de rencontres et de discussion (chat) demeurent les portails de prédilection de ces internautes. Voilà comment, dans l'ensemble, les gens de la Soummam trouvent le moyen de digérer leur chorba avant de se mettre au lit pour dormir comme des bienheureux.