Il était convoité comme un prince, vivant sous le toit de son oncle, le chef de Koraïch. De plus, il était, selon des descriptions concordantes, beau, propre et élégant, avec un visage radieux, des pommettes roses, de beaux cheveux noirs, des yeux brillants noirs, des dents d'une blancheur très nette et bien arrangées. Il avait une belle voix, la plus belle jamais entendue, selon le témoignage d'un compagnon qui l'avait écouté récitant la sourate Et-Tine lors d'une prière. Il n'était nullement attiré par la fortune de Khadidja. Mais il n'était pas ingrat non plus. Ce mariage était en vérité voulu par la volonté divine dans la perspective des lendemains dont Dieu seul connaissait les péripéties. La réalité est que le jeune Mohammed était plutôt attiré par les qualités de la dame que de sa fortune. C'était là qu'il voyait sa richesse. La femme, qui lui donna l'essentiel de sa progéniture en lui faisant partager sa fortune, fut, en effet, d'un appui moral et matériel important lorsque vint la Révélation et lorsque la hiérarchie koraïchite lui tourna le dos. Elle est la première à le croire et à le soutenir sans faille, suivie de ses enfants. Une femme sûre et visionnaire, un homme complet Le choix de Khadidja était mûrement réfléchi. Elle était mesurée, sûre, précautionneuse et visionnaire. Elle voyait en lui un homme d'un grand destin. Khadidja fut attirée à plusieurs reprises par le comportement du jeune Mohammed. Une fois lorsqu'elle entendit parler de lui en tant que berger amine plein de baraka qui avait fait fructifier le troupeau de son oncle et dont La Mecque parlait. Une seconde fois, lorsqu'il confirma sa réputation d'amine et de providentiel en revenant avec de grands bénéfices de son voyage alors que, peut-être, elle craignait le pire. Les signes annonciateurs, comme les songes d'Amina voyant une lumière sortir de son ventre et éclairer la terre jusqu'à la lointaine ville de Basra en terre perse et la baraka du bébé et de l'ouverture de la poitrine de l'enfant de quatre ans par deux hommes vêtus de blanc, rapportés par Halima, sa mère par le lait, n'étaient pas oubliés en s'étant répandus dans toute la région jusqu'à Médine. Ils s'étaient confirmés lors de ce voyage. En plus de la baraka du négoce, son accompagnateur Maïssara était le témoin privilégié de nouveaux signes qui ne trompaient pas. Il avait vu son compagnon voyager sous le soleil en étant protégé par une ombrelle naturelle de nuage tout au long du voyage. La vision du prêtre de Damas Près de Damas, un prêtre, auquel Maïssara rendait visite habituellement, avait remarqué à leur arrivée que le jeune Mohammed s'était dirigé directement pour s'asseoir à l'ombre d'un arbre comme seul le dernier des prophètes le faisait. Le prêtre, qui avait un savoir particulier sur la venue du dernier prophète, sauveur annoncé dans les Ecritures, avait tant attendu cet événement pour le voir se concrétiser. Il demanda alors à voir le dos de Mohammed en constatant avec surprise le sceau du dernier des prophètes effectivement bien frappé. Khadidja n'agissait pas seule. Elle consultait ses proches en ayant une confiance totale en son oncle maternel, le vieux Waraqa ibn Noufel, qui, lui, avait un savoir hérité des Ecritures non seulement prédisant la venue proche d'un prophète sauveur de l'humanité, mais donnant des signes de sa prophétie comme le sceau, la bénédiction, les miracles et la révélation avec la réapparition de l'Ange Gabriel. Il avait juré d'être le premier à croire en lui et à le suivre s'il venait à apparaître. Cela n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Dès que le Prophète (S. et P. sur lui), réfugié dans la grotte de Hira, reçut pour la première fois l'Ange Gabriel, Khadidja se rappela les paroles de son oncle et fut la première à soutenir son mari. Amour sincère, propre et mutuellement partagé Telles sont les conditions de ce rapprochement qui est loin d'être une conclusion d'affaire, mais plutôt l'aboutissement logique du suivi de cette dame du parcours du jeune Mohammed. Tout donc appelle à un coup de foudre entre une dame riche, certes, mais avant tout, digne, belle et mûre, et un homme aux qualités intrinsèques, complet, honnête et sûr. Ce fut une rencontre bénie sur la base d'un amour propre, pur et sincère, qui donnera la plus belle des familles, une famille sacrée et unie pour toujours. À chaque évocation, chaque musulman doit prononcer la formule de prière pour que Dieu l'agrée. Il rappelle par beaucoup d'endroits le récit de sidna Youcef, jeune, beau et pieux, et Zoulikha, âgée, mais soumis à son charme, à la différence que cette dernière était mariée et voulait entraîner Sidna Youcef dans le péché. Mais leur amour était sincère. Leur histoire se terminera par un mariage malgré la différence d'âge. L'amour du Prophète (P. et S.) et Khadidja était partagé et grandira au fur et à mesure des vicissitudes de la vie. De son vivant, il lui avait entièrement été fidèle. Ce n'est qu'après sa mort et une fois émigré qu'il se remaria. À la mort de Khadidja, survenue dans des moments difficiles de la Révélation à La Mecque, Allah, pour consoler le Prophète (P. et S. soient sur lui) lui révéla justement la sourate Youcef, porteuse de bonne nouvelle et d'espoir. Seule la belle et adorable Aïcha réussira, plus tard, à la concurrencer et à la dépasser même. S. B. Demain : Le noyau de la famille sacrée Email : [email protected]