Résumé de la 130e partie n Les voyageurs annoncent qu'ils ont des cadeaux destinés au prince. Alors Diadème décide de se rendre chez ces inconnus qui campent au milieu de la forêt. Lorsque les marchands virent arriver le fils du roi et comprirent qui il était, ils accoururent tous à sa rencontre et l'invitèrent à entrer sous leurs tentes, et lui dressèrent à l'instant même une tente d'honneur en satin rouge, ornementée de figures multicolores, d'oiseaux et d'animaux et toute tapissée de soieries de l'Inde et d'étoffes du Cachemire. Et pour lui ils placèrent un magnifique coussin sur un merveilleux tapis de soie dont tout le pourtour était enrichi de plusieurs rangs entremêlés de fines émeraudes. Et le prince Diadème s'assit sur le tapis et s'appuya sur le coussin et ordonna aux marchands de lui étaler leurs marchandises. Et les marchands lui ayant étalé toutes leurs marchandises, il choisit dans le tas ce qui lui plaisait le plus, et, malgré leurs refus réitérés, les obligea à en accepter le prix qu'il leur paya largement. Puis, ayant fait ramasser tous ses achats par les esclaves, il voulut remonter à cheval pour retourner à la chasse, quand, tout à coup, il aperçut devant lui, parmi les marchands, un jeune... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, remit son récit au lendemain. Mais lorsque fut la cent onzième nuit, elle dit : Quand tout à coup le prince Diadème aperçut devant lui, parmi les marchands, un jeune homme d'une beauté surprenante, d'une pâleur attirante et vêtu de très beaux habits fort bien arrangés. Mais son visage, si pâle et si beau, portait empreinte une grande tristesse, comme de l'absence d'un père, d'une mère ou d'un ami très cher. Alors le prince Diadème ne voulut point s'éloigner sans connaître ce beau jeune homme vers lequel son cœur était attiré ; et il s'approcha de lui et lui souhaita la paix et lui demanda avec intérêt qui il était et pourquoi il était si triste. Mais le beau jeune homme, à cette question, eut les yeux remplis de larmes et ne put dire que ces deux mots : «Je suis Aziz !» et il éclata en sanglots, et tellement qu'il tomba évanoui. Lorsqu'il fut revenu à lui, le prince Diadème lui dit : «O Aziz, sache que je suis ton ami. Dis-moi donc le sujet de tes peines.» Mais le jeune Aziz, pour toute réponse, s'accouda et chanta ces vers : «De ses yeux évitez le regard magicien, car nul n'a échappé au cercle de son orbite. «Les yeux noirs sont terribles quand ils sont langoureux. Car les yeux noirs et langoureux traversent les cœurs comme l'acier luisant des glaives effilés. «Et surtout n'écoutez pas la douceur de son langage, car, tel un vin de feu, il fait fermenter la raison des plus sages. «Si vous la connaissiez ! Elle a des regards si doux ! Et son corps de soie ! s'il touchait le velours il l'éterniserait de douceur. «La distance entre sa cheville cerclée de l'anneau d'or et ses yeux cerclés de khôl noir est remarquable. «Ah ! où est l'odeur délicate de ses robes parfumées et son haleine qui distille l'essence de roses !» Lorsque le prince Diadème eut entendu ce chant, il ne voulut pas, pour le moment, trop insister et, pour lier conversation, il lui dit : «Pourquoi, ô Aziz, ne m'as-tu pas étalé ta marchandise comme tous les autres marchands ?» Il répondit : «O mon seigneur, ma marchandise, en vérité, ne contient rien qui puisse convenir à un fils de roi.» A suivre