Comme à l'accoutumée, seuls les deux partis d'opposition, bien ancrés en Kabylie, le RCD et le FFS, ont eu à marquer, hier, cette date hautement historique du 20 Août 1956 coïncidant avec le 54e anniversaire du congrès de la Soummam qui fut un moment la charnière de la Révolution algérienne. En effet, hormis la présence sur les lieux des élus locaux, aucune délégation officielle n'a daigné mettre les pieds à Ifri, village ayant abrité les travaux du congrès de la Soummam. Même les autorités de wilaya se sont contentées d'une cérémonie de recueillement expéditive, organisée hier matin au mémorial de chouhada situé sur les hauteurs de la ville de Béjaïa. À Ifri Ouzellaguen, la célébration d'un tel événement historique se déroule, encore une fois, en rangs dispersés. Il y avait d'abord la cérémonie officielle qu'organise chaque année l'APC, à laquelle prennent part les représentants de l'ONM, Onec, Cnec, Onem… Puis, une délégation du RCD, composée de députés, élus locaux (APW, APC) et autres cadres du parti, s'est recueillie à la mémoire des martyrs au monument d'Ifri, sur les hauteurs de la commune d'Ouzellaguen. Après la cérémonie de dépôt d'une gerbe de fleurs, les responsables du bureau régional du RCD de la wilaya de Béjaïa ont improvisé une prise de parole pour rappeler à l'assistance que leur parti “se revendique de la Charte de la Soummam” et qu'“il ne cessera jamais d'œuvrer pour la concrétisation de son projet, à savoir : l'instauration d'une République démocratique et sociale, telle qu'elle fut conçue par les architectes du congrès de la Soummam”. Vers 11h, c'est au tour de la délégation du FFS d'investir le village Ifri. La cérémonie de recueillement, organisée à la mémoire des martyrs d'hier et d'aujourd'hui, a été rehaussée par la présence du premier secrétaire national du FFS, Karim Tabbou. Prenant la parole devant une foule composée essentiellement d'élus locaux et autres militants de son parti, le numéro 2 du FFS a tenu à souligner d'emblée : “Notre présence aujourd'hui ici, à Ifri, est la meilleure preuve de notre engagement de fidélité au projet de la Soummam”. Et d'ajouter : “Le FFS est le prolongement naturel du mouvement national. Nous sommes le vrai FLN historique. Car le FLN a dévié de sa ligne après l'Indépendance.” L'orateur dressera un sévère réquisitoire contre les tenants du pouvoir en Algérie. Rappelant le verrouillage par le pouvoir du champ politico-médiatique, Karim Tabbou soutient que l'opposition active dans “un environnement très hostile, où toute voix discordante au langage du pouvoir est étouffée”. Abordant la situation en Kabylie, le premier secrétaire national du FFS accusera ouvertement le pouvoir d'avoir adopté “une démarche punitive” contre la région. “On veut lui faire payer le fait d'avoir adhéré à un projet démocratique. Ce qui se traduit par cette asphyxie politique et ce chantage socioéconomique qu'on lui fait subir quotidiennement”, explique-t-il.