La volonté du cercle présidentiel de détrôner la direction actuelle du FLN prend des tournures gravissimes. Jeudi, ce sont pas moins de six ministres, dont Abdelaziz Belkhadem, le chef de la diplomatie algérienne, qui se sont réunis à Djelfa pour organiser un coup de force contre Benflis. L'ambassadeur d'Algérie à Téhéran, Abdelkader Hadjar, fait également partie des conspirateurs. Cette tentative de putsch survient la veille du remaniement ministériel... Le chef de la diplomatie algérienne prend la tête du mouvement de conspiration. L'affaire est grave. Le clan présidentiel a pu tenir, pour la première fois, une rencontre jusqu'au bout. C'est dans la wilaya de Djelfa où les partisans du “mouvement de redressement national” ont organisé leur réunion, jeudi dernier, au nom du FLN. Cette rencontre, à laquelle ont pris part certains ministres du Président (Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur, Tayeb Louh, ministre du Travail, et Amar Tou, directeur de l'Autorité de régulation aux postes et télécommunications) qui se sont publiquement impliqués dans ce “mouvement”, voit la participation inattendue de Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères. Ce dernier a même été désigné à la tête de ce mouvement par l'assistance. C'était à l'occasion d'une réunion plénière. Aussi, une instance exécutive a été également mise sur pied. Composée de vingt et un membres, cette instance, qui devra préparer le “congrès de redressement du FLN”, comprend notamment Tayeb Louh, Rachid Harraoubia, Saïd Barkat, Amar Tou, Abdelkader Messahel, Abdelkader Hadjar, Boudjemaâ Haïchour, Saïd Bouhadja, Mahmoud Khoudri, Layachi Daâdoua, Abdelwahid Bouabdellah. Pourtant, rien n'indiquait que Belkhadem allait être partie prenante de ce genre d'initiative. À peine une semaine auparavant, le ministre des Affaires étrangères qui était en visite privée à Aflou, une commune de Laghouat, il avait vilipendé les partisans du “mouvement de redressement national”. Il avait dit, en substance, que “ceux qui sont en train de chahuter s'agitent pour rien. S'ils veulent réellement un changement, ce dernier ne viendra pas de l'extérieur. Il faut provoquer ce changement de l'intérieur”. Mais voilà que Belkhadem change de position. Des sources généralement bien informées affirment que le ministre des Affaires étrangères a subi d'importantes pressions de la part de la présidence de la République pour accepter de jouer ce rôle. Ces mêmes sources soulignent que Belkhadem a manifesté une résistance à cette proposition au départ avant de céder sous l'importance des pressions. Dans son allocution d'ouverture à la rencontre des partisans du Président, Abdelaziz Belkhadem s'est voulu conciliant et rassembleur. Il a, en effet, revendiqué la réconciliation avec “toutes les tendances du FLN”. Abdelkader Hadjar, auquel a fortement déplu le discours, a brutalement pris la parole pour vilipender et tomber à bras raccourcis sur le secrétaire général du FLN. Par ailleurs, les militants du FLN n'ont pas pu accéder à la salle de la rencontre. La raison en est simple : Djelfa était une wilaya bouclée depuis mercredi à minuit. Des renforts policiers ont été dépêchés de plusieurs wilayas limitrophes (Oran, Alger, Laghouat…) pour quadriller la wilaya, boucler toutes ses issues et la rendre totalement infranchissable. Le cabinet de la wilaya, qui a eu à préparer cette rencontre, depuis pratiquement 10 jours, n'a rien laissé au hasard. C'était donc mission impossible que de tenter d'assister à la rencontre. Les militants FLN qui se trouvaient à proximité du lieu de la rencontre l'ont, en tous cas, vérifié. Aussi et afin d'exprimer leur mécontentement, les militants FLN ont organisé un rassemblement à proximité du lieu de la rencontre des partisans du Président. R. N.