L'amitié qui lie les deux hommes n'a pas résisté aux assauts des ambitions politiques. La candidature d'Ali Benflis à la présidentielle de 2004 sous les couleurs du FLN a grandement faussé les calculs du président Bouteflika. L'actuel locataire du palais d'El-Mouradia comptait faire des instances dirigeantes et de la base militante de cette machine électorale qu'est le FLN, une rampe de lancement pour réaliser ses ambitions de briguer un second mandat. Aussi, le refus de la formation majoritaire à l'APN, dans les APW et les APC d'accorder un soutien à sa candidature, donnant ses faveurs à son secrétaire général, n'a pas été du goût du cercle présidentiel conduit par le binôme Zerhouni-Saïd Bouteflika. Ainsi, juste après la tenue du VIIIe Congrès du parti du FLN, consacrant son autonomie décisionnelle et son indépendance de toute chapelle, les partisans du président Bouteflika ont échafaudé un plan pour “récupérer” le parti. La première étape de ce plan a consisté en la tentative de faire revenir Benflis sur sa décision de se porter candidat à la présidentielle au nom du FLN. C'est Larbi Belkheir, directeur de cabinet à la présidence, qui a été chargé de son exécution. Pour réussir sa tâche, il n'a rien trouvé de mieux que de soumettre Benflis à un chantage. “Si tu veux rester chef du gouvernement, tu dois annoncer ton soutien, au nom du FLN, à Bouteflika”, lui a recommandé Belkheir. Refusant d'obtempérer à ce chantage, Benflis sera tout bonnement limogé, en mai 2003, par le président Bouteflika. S'en est suivie alors une série d'attaques contre les structures du FLN. Les partisans du président-candidat s'en étaient pris, en été 2003, à plusieurs mouhafadhas et kasmas du parti. Après Benflis, c'est au tour de six ministres FLN de faire les frais de leur refus de soutenir le président-candidat. Ils sont éjectés du gouvernement d'Ahmed Ouyahia, le 5 septembre dernier. Ayant la rancune dure, le clan présidentiel ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Des cadres proches de cette formation exerçant dans des ministères et des organismes publics ont été, eux aussi, remerciés pour leur… fidélité à Benflis. Cette stratégie d'affaiblir le parti de l'intérieur s'est avérée non payante. Les instances du parti tout comme ses militants n'ont pas reculé d'un iota sur leur objectif initial, à savoir porter la candidature de Ali Benflis à la présidentielle du printemps 2004. Cette stratégie mise en échec, le clan présidentiel échafaudera une autre : saborder le parti de l'extérieur en lui créant un mouvement putschiste dit de “redressement” en septembre dernier. Cette structure non légale, créée à Djelfa et présidée par le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, a entamé son cahier des charges, en intentant une action en justice contre la direction légale du parti, devant la chambre administrative près de la cour d'Alger. L'objectif était d'interdire la tenue du congrès extraordinaire du parti prévu pour le 4 octobre. Trois jours auparavant, soit le 1er octobre, la juge Ania Benyoucef et Me Mahfoud Lacheb ont prononcé, à minuit, la décision judiciaire, interdisant la tenue du congrès extraordinaire “en tout lieu”. Sans toutefois informer le président de la cour d'Alger. Ce qui n'a pas empêché la tenue de ce congrès extraordinaire, une journée avant la date prévue, soit le 3 octobre, en plébiscitant Ali Benflis candidat officiel du FLN pour 2004. Devant son échec d'empêcher la tenue du congrès extraordinaire, le clan présidentiel s'est rabattu sur le VIIIe congrès qu'il veut invalider à tout prix. C'est ainsi que le juge Abdelmalek Boubetra, président de la chambre administrative près la cour d'Alger, devra prononcer, aujourd'hui, le verdict dans l'affaire de la validité ou non du VIIIe congrès. N. M.