L'hommage qu'a tenu à rendre Amin Zaoui à un de ses amis et non moins intellectuel, Amar Belahcène (disparu en 1993 des suites d'une longue maladie), dans le cadre du cycle les Mille et Une News de la librairie Socrate News, a porté sur quatre axes : l'écrivain, le sociologue, l'intellectuel et l'homme. “Je considère Amar Belahcène comme le Zakariya Thamer de l'Algérie. Mais, malheureusement, Zakariya Thamer est devenu un symbole en Syrie et un représentant de la culture arabe, contrairement à Amar, qui a été oublié”, a déclaré, d'emblée, Amin Zaoui. Il a également révélé qu'Amar Belahcène, qui ambitionnait de fonder l'école d'Oran de la nouvelle, est connu dans le monde arabe, plus qu'il ne l'est en Algérie. Selon Amin Zaoui, Belahcène avait un style propre à lui, tout en estimant qu'il a révolutionné l'écriture de la nouvelle. Concernant l'axe portant sur l'intellectuel, l'orateur a appuyé que Amar Belahcène était un “intellectuel autodidacte”. D'après M. Zaoui, “être autodidacte offre une certaine liberté dans la lecture”. Nous avons également appris, durant cette soirée, qu'Amar Belahcène “fait partie des romanciers qui ne maîtrisaient que l'arabe, mais vers la fin de sa vie, il commençait à écrire en français, animait des conférences dans cette langue et il a avait même des manuscrits en français”. L'auteur s'intéressait énormément à la question du bilinguisme et à la sociologie de la littérature. Il a d'ailleurs traduit le sémioticien, Tzvetan Todorov, ainsi que Lucien Goldmann, à qui l'ont doit la théorie de la vision du monde. Amar Belahcène était le pionnier dans la recherche de la sociologie du roman en Algérie. Pourtant, il n'était pas très aimé de la gauche algérienne, ce qui semble contradictoire, car il a travaillé sur les œuvres de théoriciens marxistes. Amin Zaoui a également évoqué la contribution qu'il avait signée dans la revue Afaq. Intitulée “Islam et démocratie”, cette étude a été suivie par plusieurs réactions de la part d'intellectuels maghrébins, notamment Abdellatif Laâbi et Abdelkébir Khatibi. “C'était un intellectuel prophétique et visionnaire”, confie Amin Zaoui.