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“Les tarîqat soufies visent à se répandre de nouveau, à reconquérir le prestige perdu”
M. AL-QASIMI, PROFESSEUR À L'UNIVERSITE D'OUARGLA ET CHERCHEUR AUPRÈS DE L'UNIVERSITE D'ALGER
Publié dans Liberté le 05 - 09 - 2010

Le professeur Abd al-Munîm Al-Qasimi, 43 ans, originaire de Djelfa, actuellement à l'université de Ouargla, est aussi chercheur intéressé par le soufisme, en général, et le soufisme en Algérie, en particulier, notamment auprès de l'université d'Alger (laboratoires de recherche, Institut des arts, Institut d'histoire...). Le professeur
Al-Qasimi compte à son actif de nombreuses études et recherches sur
“le mysticisme islamique”, et a également participé à plusieurs réunions scientifiques nationales et internationales. Il a bien voulu nous accorder cet entretien exclusif.
Liberté : Le soufisme se réclame de rite malékite et de tendance ash'arite. En fait, ce ne serait peut-être pas si facile au commun des mortels de comprendre cette double appartenance. D'abord, pourquoi cette particularité pour des gens qui, au fond de leurs croyances, sont bien des musulmans ? Comment se sent-on le besoin d'être lié à une doctrine, à un grand homme, à un saint homme, pour vivre sa religion ?
A. El-Qasimi : Votre question nous renvoie au problème de l'origine religieuse en Algérie. Or le problème, actuellement, soulevé dans le monde musulman, est celui de l'origine de la doctrine et de la jurisprudence musulmanes. Dans les dernières décades sont apparues des différends de doctrine et de foi importées de l'étranger. Je crois qu'elles furent passagères, ne possédant pas de motifs pour s'établir dans cette région, dès l'instant où les gens du Maghreb se prévalent de bases religieuses historiques. En outre, les plumes algériennes n'ont pas contribué à leur étude en les identifiant, comme cela s'est passé avec les idées précédentes qui étaient restées, elles, durant de longues années l'objet de préoccupation de nos érudits. Lorsque l'on s'aperçut que ces idées convenaient, elles furent adoptées et diffusées par les méthodes scientifiques et pratiques en vigueur, tels que l'enseignement, l'apprentissage et les diplômes. Le congrès tenu par la zaouia Essalamia, dans la ville de Oued Souf, a soulevé, en novembre 2008, une série de questions et un seul résultat : la divergence dans les origines doctrinales mène irrévocablement à la divergence dans la vision, les méthodes, les buts, les voies du changement et donc à plus d'entêtement et de fanatisme, à la fermeture des portes du dialogue, à la régression.
En quoi, les quatre grandes tarîqat d'Algérie, (Tidjaniyya, Alawwiya, Rahmaniyya et Hebriyya) se distinguent-elles l'une de l'autre, selon les recherches que vous-même auriez pu effectuer à cet effet ? Est-il permis d'affirmer qu'il y a plusieurs façons d'être un adepte appliqué du soufisme ?
L'Algérie a connu beaucoup de tarîqat du soufisme. Cela dépasse les trente. Pour cheikh Abderrahmane Djilali, en Algérie, les tarîqat les plus réputées sont El-Kadiria, Echadlia, El-Khaloutia, Errahmania, Tidjania, El-Aissaouya, El-Taibia, Essenoucia, El-Ammaria. La diversité des tarîqat serait due principalement à la diversité des noms des fondateurs. Nous ne trouvons pas une grande diversité entre les tarîqat, ou des différences importantes avec des points de repère précis. Au contraire, le soufisme considère que toutes les tarîqat sont uniques et mènent au même but. La diversité réside, par conséquent, dans la personnalité de leurs maîtres. Peut-être aussi la différence réside-t-elle dans les prières et les chapitres du Coran que psalmodient les adeptes. Le maître s'efforce de préconiser pour ses élèves des règles et des méthodes qu'il juge les meilleures pour leur enseignement et il y aurait dans ces méthodes et leur diversité un intérêt pour le disciple qui sélectionne la tarîqa qui lui convient et répond à son caractère. Le but ultime que visent les tarîqat du soufisme, sous leurs différentes sortes, c'est l'éducation d'élèves déférents, une éducation spirituelle musulmane.
Au moins une ou deux tarîqat se prévalent ouvertement (en Algérie) d'un Islam ouvert, libre et se situent dans la modernité, quasiment en opposition avec la plupart des mouvements islamistes. En dehors d'un problème inévitable de coexistence avec ces derniers, la voie soufie est-elle en train de faire sa mue, ou bien n'est-ce rien d'autre qu'une légitimation de ses objectifs ? Voudriez-vous nous résumer ces objectifs dans ce cas ?
Avant de répondre à votre question, je veux affirmer que la vérité est que le soufisme est l'esprit de l'Islam, de ses objectifs, ce sont les buts de l'Islam lui-même. Le soufisme est l'un des plus fertiles éléments de la vie spirituelle de l'Islam, car comme le souligne la chercheuse Souad El-Hakim, “c'est l'approfondissement des idées de la foi, l'usurpation des phénomènes de la chari'a, la méditation des situations de l'homme” ; dans la vie terrestre, le soufisme a approfondi la chari'a par les sentiments humains et a ouvert les cœurs à l'esthétique divine. Le mouvement soufi s'est déroulé en Algérie après l'Indépendance dans des circonstances difficiles et des contraintes terribles qui ont mené à sa disparition de la scène politique et des médias. Cependant, il demeurait présent au niveau social et culturel, même sous une forme modeste, des visites aux cheikhs et aux zaouias ou par l'organisation des cercles de dikr, de hadra, de waâdate organisées pour les saints à travers les différentes régions du pays. Et on peut dire que l'effacement du rôle des zaouias et des tarîqat soufies et la non-ouverture du passage pour l'esprit calme adopté par les tarîqat soufies, c'est ce qui a mené au dérèglement de l'organisation spirituelle des valeurs, de son authenticité, de sa civilisation et des particularités de sa culture ainsi que du respect, de la considération et des bonnes relations, et l'importation de principes et d'autres valeurs étrangères à la société musulmane ; tout cela a mené le pays à pénétrer dans la continuité de la violence et du terrorisme pour de longues années. Celui qui suit actuellement la question du soufisme en Algérie remarque que les tarîqat soufies visent à se répandre de nouveau, à reconquérir le prestige perdu, au retour de l'espoir et de l'esprit à cette société qui a été touchée dans ce qui lui est le plus cher : sa foi et sa religion. Ces tarîqat essaient, actuellement, avec tout ce qui est en leur possession, d'agir pour le retour à la vie religieuse et scientifique, et de la reprise de la voie qui a été coupée pour une durée de quarante ans pleine d'interdits, d'anéantissement et de contrainte. Elles essaient de sauver ce qu'on peut sauver, en y exploitant la conjoncture mondiale et la conjoncture locale, en s'appuyant sur leurs principes et leurs hautes valeurs qui ont contribué dans le passé à l'existence d'une société cohérente basée sur la morale et les valeurs idéales que l'humanité a considérées comme sacrées, à savoir le vrai, le beau, le bien et la liberté. Le constat est évident : l'Etat a laissé la tarîqa jouer son rôle social et éducatif pleinement depuis ces dernières années.
En votre qualité de chercheur, comment envisagez-vous la trajectoire, les perspectives d'évolution, ou de mutation peut-être ? Diriez-vous que ce trajet irait très loin ? Jusqu'où ?
Le monde contemporain connaît une plus grande renaissance soufie et un mouvement visant à ressusciter les activités du courant soufi, en commençant à faire son apparition tant au niveau local qu'au niveau international. Les tarîqat soufies ont eu du succès durant la dernière période en confirmant leur présence en force dans les domaines religieux, politique, social ainsi que dans les médias vu leur expansion et l'augmentation de leurs adeptes. Le soufisme, actuellement, s'efforce à préserver l'héritage des tarîqat en apportant sa contribution à la réponse aux défis contemporains, en essayant d'aménager l'authenticité et la modernité et la viabilité du rôle soufi avec les changements du temps, en veillant pour les formes contemporaines dans le domaine de l'organisation et la vie sociale, scientifique et religieuse sous une forme calme, accommodante, préservant les particularités de ce patrimoine, tout en profitant des bienfaits de l'ouverture et de la modernité. Et les tarîqat soufies veillent actuellement à organiser de nombreux symposiums, des conférences et des séminaires, à travers le monde dont le but est de créer un dialogue constructif entre les diverses religions et cultures en dégageant l'importance du rôle spirituel et éducatif dans la vie de l'homme contemporain. Les symposiums restent un moyen de fixer le rôle historique du soufisme, lequel consiste à assurer les services publics dans les sociétés et à mettre fin à l'esprit des litiges étroits liés au racisme et aux groupes solitaires. Et elles ont réalisé un progrès remarquable dans ce domaine. Au vu des circonstances générales que connaît le monde extérieur, en général, et le monde musulman, en particulier, nous aboutissons au résultat auquel a abouti le musulman oriental Erik Younès Jiofroui, le spécialiste dans le soufisme à l'université du Luxembourg : “L'avenir dans le monde musulman appartient irrévocablement au courant soufi.”


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