Les audiences du Ramadhan que tient le président de la République et où il passe en revue chaque secteur sont, pour les ministres, un véritable examen d'évaluation du secteur dont ils ont la charge. La machine semble être rodée et obéit à un véritable protocole. Chaque ministre envoie une copie de son rapport à la Présidence et attend fébrilement la convocation indiquant la date de son passage devant le grand jury. Car c'est devant pas moins de quinze membres du gouvernement que l'impétrant doit défendre son secteur et convaincre, surtout le président du jury à qui le dernier mot revient. Dans la salle d'examen, il y a les membres permanents qui sont au nombre de cinq plus le Président et les autres appelés à assister parce qu'ils se trouvent concernés, par ricochet au sujet du jour. Les membres du gouvernement titulaires sont dans l'ordre ; - le Premier ministre en tant que coordinateur de la machine gouvernementale en même temps qu'il est chargé du suivi des actions contenues dans le programme présidentiel ; - le vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni, même si ses prérogatives ne sont pas encore définies, assiste aux audiences en tant que membre à part entière ; - le ministre d'Etat, conseiller personnel du Président, en tant que chef de parti majoritaire et éventuel postulant au poste de Premier ministre, charge qu'il a assumée à plusieurs reprises. Il s'agit bien sûr d'Abdelaziz Belkhadem ; - le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales en tant que premier responsable des walis, éléments incontournables sur le terrain et dépositaires de la politique de décentralisation ; - le ministre des Finances, en tant que grand argentier du pays et rédacteur des grandes lignes de la loi de finances et de la complémentaire. Il lui revient de dégager les budgets d'investissement et de fonctionnement nécessaires pour les actions arrêtées par le Président. La participation de ces deux derniers aux réunions d'évaluation des secteurs expliquent leur passage avant les autres (16 août pour le ministre des Finances et le 18 pour l'Intérieur). Les réunions peuvent commencer le matin, à partir de 10 heures pour les secteurs groupés, comme cela a été le cas pour l'enseignement qui a regroupé trois ministères dont l'Education, le Supérieur et la Formation professionnelle ou la Santé et la Solidarité nationale. La séance est levée généralement à 20h30. Une petite pause est accordée à l'heure de la rupture du jeûne dont le menu comprend quelques dattes, une tranche de kalb el-louz et un verre de lait. Chaque ministre défend son secteur en s'aidant du data show et prend le temps nécessaire. Durant l'exposé, le Président prend des notes. À la fin, le Président donne la parole aux personnes présentes pour poser les questions. Il prend la parole en dernier. Il reprend le ministre sur quelques chiffres, corrige quelquefois la vision ou la stratégie, demande à ce que l'importance soit donnée à un aspect plus qu'à un autre, approuve une suggestion auquel cas les ministres concernés, surtout ceux des Finances ou de l'Intérieur, prennent acte. Ensuite, il est fait lecture du projet de communiqué préparé à l'avance par les services de la Présidence sur la base des rapports reçus des différents départements ministériels. Le projet ne prend en charge que le côté technique. Il y est rajouté le volet politique sur la base des orientations ou instructions du Président qui valide personnellement en dernière instance le document final. Ce dernier constitue la feuille de route. Contrairement aux précédentes réunions d'évaluation où il y avait de l'orage dans l'air et des remontrances dures à l'endroit de certains ministres, cette année toutes les audiences se déroulent dans la sérénité et la plupart sont unanimes à dire que le Président fait montre d'une grande écoute. C'est donc de véritables Conseils de ministres restreints qui se tiennent durant le mois du Ramadhan, d'ailleurs dans la salle du conseil, mais le point faible reste l'absence de médiatisation de ces réunions qui ne peuvent se suffire d'un communiqué, souvent balancé en retard. Il est à souhaiter que l'accès à l'information pour la profession et le droit à l'information puissent figurer sur la feuille de route du ministre de la Communication. Pour qu'on en finisse une bonne fois pour toutes avec cette maladie du secret qui tue l'information et entretien rumeur et supputations.