Mustapha Nia est à la fois à la tête d'une unité de production qui lui appartient et associé dans la chaîne Dixit, dont 90% de la production sont fabriqués en Tunisie. Outre plusieurs usines de confection, Dixit y dispose de seize boutiques dans la majorité des villes tunisiennes. Liberté : Une petite présentation ? Mustapha Nia : Je suis le gérant statutaire et associé de la chaîne Dixit qui est une marque franco-tunisienne qui existe à travers plusieurs pays arabes et européens : quatre boutiques en Algérie. C'est une chaîne de vêtements de prêt-à-porter féminin conçus dans des bureaux de stylisme parisiens et fabriqués en majorité en Tunisie ainsi que dans d'autres pays européens. On compte développer notre réseau maghrébin pour ramener ce chiffre à quinze ou vingt dans les grandes villes algériennes et les nouveaux centres commerciaux qui sont en train de s'ouvrir ; nous avons plusieurs clients algériens qui viennent de plusieurs grandes villes et qui nous pressent de venir nous y installer. C'est plus intéressant de s'installer dans les nouveaux centres commerciaux. Nous comptons investir dix millions de dinars par boutique, soit au total environ 150 millions de dinars avec le concept, la climatisation, l'installation réseau, il y aussi le suivi. Parce qu'il faut suivre les collections en fonction de l'international. Il y a une domination des produits chinois sur le marché algérien, comment y faire face ? Beaucoup de gens se plaignent, mais il ne suffit pas de se plaindre. Il y a des ensembles à 1 000-2 000 DA jetables presque après le premier lavage. Tandis qu'à côté, il y a la qualité que vous avez largement le temps d'apprécier, même si vous payez un peu plus cher. L'absence du produit algérien : par découragement. Pour renverser le mouvement, il faut de la qualification, de la formation. Il n'y a plus d'écoles de formation pointue. Nos formations sont archaïques, les stagiaires des écoles de formation se forment sur des équipements complètement dépassés. Et puis, il faut une bonne ouverture pour les investisseurs qui veulent venir s'y installer ; ils veulent bien venir, mais ils ont peur du climat des affaires en Algérie. Il faut ouvrir les portes pour que les gens viennent, avec leur savoir-faire, leurs capitaux et leurs équipements. Il faut des facilités pour ramener de la matière première et les spécialistes qualifiés. En tant qu'opérateur, comment expliquez-vous l'absence du produit textile algérien sur le marché ? Les Algériens aiment leurs propres produits. Je connais pas mal de produits étrangers fabriqués en Algérie, mais avec des étiquettes algériennes. il faut simplement encourager cette production algérienne, lui donner de la considération, leur accorder des facilités. La production algérienne a de l'avenir, si elle est encadrée, si elle est aidée. Il y a aujourd'hui des produits étrangers de qualité, mais fabriqués en Chine. Produits de grandes marques fabriqués en Chine ? Oui, mais attention, car même fabriqués en Chine, ces produits sont fabriqués avec un cahier des charges très contraignant et très précis, avec des normes et telles références, telles façons, telles couleurs. Le Maghreb a pu se maintenir grâce à sa proximité des pays de la Méditerranée et les commodités qu'on y trouve par rapport à l'Asie : gain de temps, proximité, langue de travail et bonne connaissance des marchés des besoins et des demandes. Bref, un environnement favorable aux Maghrébins. Pour ce qui est de la qualité à faible prix pour certains produits de masse, c'est beaucoup plus une question de déstockage de produits en fin de gamme, ou de collection à bas prix, déclassés pour faire place à de nouvelles collections. Là, la qualité est plus réduite, parce que les fabricants les revendent au poids ou au lot, mais pas à la qualité. Des risques pour la santé ? Oui, cela dépend des conditions de stockage. Vous êtes vous-même un franchisé ou un franchiseur ? Comment cela fonctionne-t-il ? Il y a des conditions générales de la franchise, mais le reste est au cas par cas : vous comprenez bien qu'une nouvelle marque qui désire prendre pied dans le marché algérien est intéressée à se faire connaître et ne pose donc pas de conditions trop draconiennes pour franchiser des candidats qui, eux, disposent, par exemple, d'un réseau consistant. À l'inverse, des marques connues peuvent vouloir imposer des conditions plus draconiennes pour accorder leur franchise : en termes de chiffres d'affaires, de royalties, de consistance du réseau, des localisations, des boutiques ou locaux, entre autres. Moi, je ne suis pas un franchisé, je suis associé avec la marque et j'accorde des franchises aux autres. C'est différent.