La place bancaire n'a pas été impactée par la crise économique mondiale. Le ministère des Finances avance, dans la note de présentation de la loi de finances complémentaire 2010, plusieurs raisons. Il cite entre autre la non-connexion de la place bancaire au marché financier international en matière de transactions sur des actifs financiers qui a protégé la place bancaire de pertes financières éventuelles qu'auraient induites des transactions sur des actifs toxiques, à l'origine de fortes pertes financières au niveau international, pertes ayant entraîné le dépôt de bilan de plusieurs banques de renommée internationale. Le grand argentier du pays évoque aussi, la non-libéralisation du compte capital, ce qui exclut la liberté de mouvements de capitaux par les opérateurs économiques nationaux. Ces mouvements ne peuvent être effectués que sur accord du Conseil de la monnaie et du crédit. Le paiement par anticipation de la dette extérieure, antérieurement à l'apparition de la crise, a prémuni l'économie nationale de pertes liées à la fluctuation des taux d'intérêt et de change. Le ministère des Finances avance, par ailleurs, l'obligation faite aux entreprises de se financer localement (financement domestique de l'économie) et son confortement par le renforcement du capital des banques pour accroître leurs capacités d'engagement. “Le capital des banques publiques a été multiplié par deux entre 2007 et 2009”, souligne le document du ministère des Finances. En outre, l'internalisation du financement de l'économie a évité aux entreprises et aux banques des risques sur les taux d'intérêt et de change, d'une part, et la non-régénération de l'endettement extérieur, d'autre part. Sur la sphère sociale, l'exécution des programmes d'investissements publics s'est poursuivie normalement. La croissance économique, hors hydrocarbures, s'est située à 9,3%. La croissance du secteur de l'industrie a été en meilleure position que les années précédentes (5% en 2009, contre entre 2,5% et 2,8% ces dernières années). Tous ces facteurs montrent que la crise financière et économique internationale n'a pas impacté le fonctionnement normal de l'activité hors hydrocarbures et n'a pas eu d'effet sur le marché de l'emploi, comme en témoigne le taux de chômage qui a reculé de 1,1 point de pourcentage, passant de 11,3%, en 2008, à 10,2%, en 2009. Dans la sphère réelle, la contraction du commerce mondial n'a pas épargné le marché des hydrocarbures, ce qui s'est traduit, pour l'économie nationale, par une forte réduction des revenus de l'exportation et par un repli des produits de la fiscalité pétrolière. Les revenus de l'exportation des hydrocarbures ont baissé de 42,5% passant de 77 milliards de dollars en 2008 à 44 milliards de dollars en 2009 et les produits de la fiscalité pétrolière recouvrés se sont repliés de 41,8% passant de 4 000 milliards de DA en 2008, à 2 300 milliards de DA en 2009. “Cette conjoncture défavorable n'a pas déstabilisé, en 2009, les équilibres internes et externes”, affirme le ministère des Finances. Les disponibilités du fonds de régulations des recettes ont augmenté de 36 milliards de DA, passant de 4 280 milliards de DA, fin décembre 2008, à 4 316 milliards de DA, fin décembre 2009. Le FRR a été crédité, en 2009, de 400 milliards de DA, différentiel entre les produits de la fiscalité pétrolière budgétée (1 927 milliards de DA) et les produits de la fiscalité pétrolière recouvrés (2 327 milliards de DA). La dette publique interne s'est positionnée quasiment à son niveau de 2008. L'encours de cette dette s'est positionné, fin décembre 2009, à 814 milliards de DA, contre 734 milliards de DA, fin décembre 2008. Le mouvement constaté dans le stock de cette dette est, principalement, imputable au rachat de la dette des agriculteurs par le Trésor (36 milliards de DA) et à l'assainissement des entreprises publiques (36 milliards de DA également). Hors rachat de la dette des agriculteurs et hors assainissement des entreprises, l'encours de la dette publique interne n'a crû que de 8 milliards de DA par rapport à 2008, soit une variation positive de 1%. La dette publique externe, également. L'encours s'est situé, fin décembre 2009, à 480 millions de dollars contre 460 millions de dollars, fin décembre 2008. La variation constatée est imputable aux fluctuations des parités monétaires et non à de nouveaux recours à des crédits extérieurs ; la politique d'internalisation du financement de l'économie s'étant poursuivie en 2009. Le Trésor affiche un déficit moindre de 22% par rapport à 2008, dans un contexte de croissance de 19% des produits de la fiscalité non pétrolière. Le déficit du Trésor s'est établi à 1 070 milliards de DA en 2009, contre 1 380 milliards de DA en 2008. Rapportés au PIB, les déficits constatés ont affiché des ratios de 10% en 2009 et de 12% en 2008. Le FRR est intervenu dans le financement du déficit de 2009, à hauteur de 34%, représentant un prélèvement de 364 milliards de DA. Si les importations de marchandises ont baissé de 1%, en valeur courante, par rapport à 2008, les importations de services non facteurs ont par contre augmenté de près de 5%, passant d'un décaissement de 11,08 milliards de dollars en 2008 à 11,63 milliards de dollars en 2009, sous l'effet de la progression des services importés au titre des infrastructures publiques, dans le cadre de l'exécution du budget d'équipement de l'Etat.