Le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) vient de saisir le Bureau international du travail (BIT) pour l'informer de la situation de huit de ses adhérents qui ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis pour… grève de la faim. La missive, datée du 26 octobre dernier, est adressée, plus particulièrement, au chef de service des “libertés syndicales” du BIT, M. Bernard Guernignon. Les huit syndicalistes condamnés sont de la wilaya d'Oran. Alors qu'ils observaient une grève de la faim dans le cadre des actions de protestations lancées par le Snapap, ils se seraient vu interpellés par la police sur ordre de la chancellerie. Dans sa correspondance, le Snapap précise que dans le lot, deux femmes ont été déférées devant la justice. À cela, il faut ajouter le spectre d'un licenciement sans indemnité. D'ailleurs, ces syndicalistes, indique la même source, n'ont pas perçu leur salaire depuis huit mois. Il convient de souligner que le Snapap n'a eu de cesse de saisir régulièrement les instances internationales pour les sensibiliser quant au verrouillage du champ syndical dans notre pays. Il faut rappeler, par ailleurs, que le syndicat de Rachid Malaoui a placé la lutte contre cet état de fait au centre de ses actions. Il a même tenté de fédérer les autres syndicats autonomes autour d'une organisation qui avait pour ambition de contrecarrer, un tant soit peu, l'emprise de la toute-puissante UGTA. Mais le SNATA — puisque c'est de lui qu'il s'agit — va mourir dans l'œuf. Bref, au moment donc où l'on parle de dépénalisation de l'acte de gestion, voilà que des cadres syndicalistes risquent la prison par la volonté d'une loi syndicale obsolète et largement dépassée. On a vu les frictions suscitées, ici et là, par les indemnités arrachées lors de la dernière bipartite : indemnités qui n'ont pas manqué de faire des jaloux, notamment dans le secteur de l'administration (intérieur et collectivités locales en tête). Le Snapap n'a pas hésité à tirer à boulets rouges, à l'occasion, sur sa bête noire, l'UGTA, lui reprochant de mener en solo la bataille du front social. Moralité : si côté patrons, le spectre des cadres emprisonnés plane encore sur les gestionnaires, côté travailleurs, en revanche, c'est l'absence d'instruments de contrôle et autres contre-pouvoirs (conventions collectives, commissions paritaires) qui risquent de miner (et de laminer) le dialogue social si à la base déjà, les pouvoirs publics ont d'emblée “piégé” l'acte syndical. B. M.