Avec cette nette victoire du “oui” dans le référendum de révision constitutionnelle, Ankara a fait un pas important pour son adhésion à l'Union européenne, comme l'a souligné Berlin dans sa réaction à ce scrutin. Seul à faire campagne en faveur de la réforme, dont le but était de “démocratiser” une Constitution héritée du coup d'Etat militaire de 1980, en limitant notamment le pouvoir de la hiérarchie judiciaire et de l'armée, bastions du camp laïque, le Parti de la justice et du développement (AKP) du chef du gouvernement turc, Tayyip Recep Erdogan a réussi un grand coup, qui lui permettra éventuellement de faire avancer le dossier de l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne. Ce bon résultat arrive à point pour l'AKP, au pouvoir depuis novembre 2002 après avoir remporté haut la main les dernières élections générales en 2007 (47% des voix) mais qui a manifesté des signes d'essoufflement lors des municipales l'an dernier (39%). L'AKP doit cependant se garder de tout triomphalisme et rechercher le compromis avec l'opposition s'il ne veut pas s'aliéner d'avantage les 42% d'électeurs qui ont dit “non” à sa réforme, mettaient en garde plusieurs analystes. En effet, de nombreux électeurs de l'opposition soupçonnent l'AKP de vouloir islamiser le pays en catimini. L'opposition laïque et nationaliste a mené campagne contre la réforme au motif qu'elle menaçait, selon elle, l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs. Elle voit dans les réformes constitutionnelles une tentative de prise de contrôle des tribunaux par l'AKP, qui possède une forte majorité parlementaire et s'est assuré une solide base politique ces dernières années. La révision limite les prérogatives de la justice militaire et modifie, au profit du pouvoir, la structure de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature (HSYK) qui nomme juges et procureurs. L'Union européenne, avec laquelle la Turquie a entamé des négociations d'adhésion en 2005, a salué dimanche “un pas dans la bonne direction”. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a salué le succès, dimanche, du référendum en faveur d'une réforme constitutionnelle en Turquie, “un pas important vers l'Europe”. Dans un communiqué dans la nuit de dimanche à lundi, le chef de la diplomatie allemande a souligné : “Je salue le succès de ce référendum. La réforme constitutionnelle est un pas supplémentaire important sur le chemin de la Turquie vers l'Europe.” La même source a ajouté que “le contenu de ce projet de réforme a été intensément discuté en Turquie. Cette discussion dans la société civile – y compris sur les modalités concrètes d'équilibre des pouvoirs au sein de l'Etat – est particulièrement à saluer. Elle n'est sans doute pas terminée”. Barack Obama a salué de son côté le fort taux de participation au référendum constitutionnel en Turquie, a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué. Le président “a reconnu la vitalité de la démocratie turque, reflétée par la participation au référendum”, ajoute le texte publié après un appel de M. Obama au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.