Malgré l'entrée du pluralisme syndicale, l'Algérie vit une situation paradoxale dans ce domaine. Seule l'UGTA est sollicitée, en effet, par les pouvoirs publics en matière de décisions concernant le monde du travail, y compris dans les secteurs où l'Union n'est pas implantée ou a connu des reculs, parce que considérée comme le syndicat le plus représentatif. Pourtant, des syndicats corporatistes autonomes ont prouvé, plus d'une fois, qu'ils étaient très représentatifs dans leur secteur. D'ailleurs, le rapport 2010 de la Confédération syndicale internationale (CSI), rendu public en juin dernier, va dans ce sens et classe l'Algérie parmi les 13 pays au monde où l'activité syndicale a été substituée par des pratiques répressives, faites de restrictions et de violation des droits syndicaux. Pourtant, notre pays est signataire de nombreuses conventions de l'OIT, garantissant le droit d'exercer des activités syndicales et le droit de grève. Il faut savoir que la notion de “syndicats les plus représentatifs” est issue du droit international. À l'origine, des délégués non gouvernementaux devaient être désignés dans chaque Etat “d'un commun accord entre le gouvernement et les organisations professionnelles les plus représentatives d'employeurs et de travailleurs”, pour participer à la Conférence internationale du travail, dans les années 1910. Cette disposition, évoquée dans l'arrêt du 31 juillet 1922, de la Cour permanente de justice internationale de La Haye, est aujourd'hui inscrite à l'article 38 de la Constitution de l'OIT.