Leur non-agrément n'empêche pas ces syndicats de paralyser des secteurs entiers d'activité. La dernière déclaration du ministre du Travail M.Tayeb Louh, à partir de Tlemcen, sur la délivrance d'agréments, a suscité de vives réactions de la part des organisations syndicales non encore reconnues. M.Louh a révélé en fait qu'aucun agrément ne sera accordé aux différents syndicats, notamment le Cnapest, estimant que leur multiplication ne fera qu'accentuer la crise qui secoue le monde du travail déjà en proie à de nombreux conflits. Une déclaration qui ne peut qu'encourager les organisations syndicales non encore agréées à se mobiliser davantage sur le terrain. C'est du moins ce qu'a laissé entendre, hier, le chargé de l'information du syndicat du Cnapest, M.Lamdani. Ce dernier considère que «Le ministre du travail est là pour appliquer les lois de la République et sa fonction ne lui permet pas de légiférer». «Le Cnapest a besoin seulement d'un récépissé de la part du ministère du Travail», nous a-t-il déclaré. Selon lui, malgré les intimidations exercées sur le syndicat, les représentants sont déterminés à maintenir leur position dans le secteur de l'éducation. En fait, le Cnapest a réussi à gagner la confiance de la majorité des enseignants qui, à chaque appel à la grève, répondent favorablement. Cette confiance ne fait qu'encourager, selon M.Lamdani, les représentants syndicaux à défendre jusqu'au bout les droits des enseignants. «Nous considérons que les déclarations du ministre du Travail ont pour seul objectif de réduire les espaces du syndicalisme authentique, alors que les lois de la République consacrent le pluralisme syndical. Toutes ces tentatives seront sans issue, car au-delà de la conquête des libertés et de la démocratie syndicale, c'est le mouvement des travailleurs qui fait peur», a martelé M.Lamdani. Quelles que soient les décisions du ministre du Travail, soutiendra-t-il, le Cnapest est considéré légal aux yeux des enseignants du secondaire. L'octroi d'agréments ne devrait-il pas constituer la solution idéale pour éviter que des organisations syndicales telles que le Cnapest et le CLA exercent dans la clandestinité? Force est de constater que le pluralisme syndical est pour le moment écarté pour des problèmes administratifs au niveau du ministre qui refuse le dossier d'agrément à plus de 53 syndicats autonomes, apprend-on de sources bien informées. Pourtant c'est un droit prévu par les lois du pays et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Finira-t-il par s'imposer? La loi 90-14 du 2 juin 1990 instaurant pour la 1er fois le pluralisme syndical ne définit pas la durée d'une grève qui peut être limitée ou illimitée, selon la décision de l'assemblée générale des travailleurs. Cette loi remet en cause toutefois le monopole exercé par l'Ugta depuis l'indépendance. L'existence d'autres syndicats fait craindre en quelque sorte à l'Ugta, la perte d'un certain nombre de privilèges pour ses cadres du fait de son association à travers les différents conseils des organismes sociaux et aux comités de participation à la gestion des entreprises étatiques. La menace sur le pluralisme syndical se traduit notamment par les décisions de justice prises par rapport à certains mouvements de grève. Les tribunaux sont systématiquement saisis par les pouvoirs publics pour statuer en référé sur la légalité du dépôt de préavis de grève. Un autre dossier et non des moindres mériterait d'être relevé : c'est celui de la notion de représentativité des syndicats. En effet, leur non-agrément ne les empêche pas de mobiliser les travailleurs et de paralyser des secteurs entiers d'activité. Par ailleurs, comment peut-on concevoir que ces syndicats n'aient pas un droit de regard sur les oeuvres sociales en siégeant au conseil d'administration. Le 1e mai, Journée internationale du travail est l'occasion de faire le bilan des libertés syndicales dans notre pays et de rappeler que la situation en cette matière reste inquiétante.