Pendant que l'armée mauritanienne traque les éléments d'al-Qaïda dans le nord du Mali, Paris a installé une base militaire opérationnelle de 80 hommes à Niamey, d'où elle a déjà lancé plusieurs vols de reconnaissance dans l'espoir de localiser ses otages enlevés le 16 septembre dernier, même si aucune partie n'a revendiqué officiellement le rapt. Comme attendu, Paris n'a pas perdu de temps pour s'installer militairement au Sahel d'autant plus que l'excuse est toute trouvée avec cette décision de rechercher ses otages, dont l'enlèvement n'a été revendiqué par aucune partie jusqu'à hier, bien qu'al-Qaïda au Maghreb islamique soit soupçonnée d'en être l'auteur ou le commanditaire. Ainsi, donc la France a déployé au Niger “des moyens d'information et de reconnaissance” afin de tenter de localiser les ravisseurs de sept otages, dont cinq Français, a indiqué hier une source proche du dossier à Paris. Tout en confirmant le chiffre donné de sources sécuritaires et diplomatiques au Sahel d'environ 80 personnes déployées, celle-ci a précisé qu'il s'agit d'avions de reconnaissance de deux types, Atlantique 2 (ATL2) et Mirage F1-CR. Pour nuancer cette intervention, la même source affirmera qu'il ne s'agit pas de militaires armés pour lancer une opération, la France participant à ce stade à la phase de “recherche de renseignements”, et que “le but est de détecter les émissions radio et tout signe électromagnétique pour tenter de localiser les preneurs d'otages”. Du côté du ministère français de la Défense, c'est le silence radio. Il faut savoir qu'on a vite entamé les recherches avec 21 heures de vols de reconnaissance “déjà effectuées” pour localiser les otages. Les recherches sont effectuées en parallèle à une intervention de l'armée mauritanienne contre des unités de l'Aqmi au Mali, dans la région de Tombouctou, près de la frontière mauritanienne. Cela confirme les déclarations faites la veille par le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, lequel avait indiqué que la France “fera tout pour retrouver ses otages”, n'excluant pas au passage qu'elle engagera une “action militaire” pour tenter de les libérer. Selon différentes sources dans la région, les otages seraient désormais retenus dans le nord-est du Mali, dans une zone montagneuse du désert, adossée à l'Algérie. Par ailleurs, une source militaire haut placée à Nouakchott a révélé que “la situation militaire et sécuritaire sur le terrain, où notre armée traque les terroristes armés, est maîtrisée”. Dimanche, l'armée mauritanienne a fait intervenir un avion pour bombarder une colonne de véhicules qui, selon elle, transportait des “terroristes”. Ceci étant, la Mauritanie ne fait aucun lien entre l'affaire des sept otages enlevés à Arlit sur un site d'extraction d'uranium du groupe français Areva et son offensive au Mali voisin, assurant s'être engagée dans ces affrontements pour “anticiper” des actions de l'Aqmi. Toujours à Nouakchott, à une source sécuritaire a indiqué que six individus suspectés d'être en lien avec Al-Qaïda Maghreb islamique (Aqmi) ont été “faits prisonniers” par l'armée mauritanienne au cours de son offensive dans le nord du Mali. “Ces six suspects ont été faits prisonniers par nos forces armées, mais il est prématuré de donner des indications sur leur identité ou leur degré d'implication dans la nébuleuse terroriste”, a-t-on souligné également. À Niamey, le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah, a déclaré dimanche que “le groupe visé par l'armée mauritanienne au Mali n'était pas celui qui avait pris les otages”, avant d'ajouter qu'il “n'est pas exclu que ce soit un groupe en lien avec le groupe qui a pris les otages”. Par ailleurs, la polémique entre le Niger et le groupe Areva sur la sécurité à Arlit se poursuivait hier. Un porte-parole d'Areva a affirmé n'avoir jamais “refusé” une aide de Niamey, mais a reconnu qu'il y avait “sans doute eu un ensemble de complicités, de défaillances”, lors de la prise d'otages. Enfin, selon le témoignage d'un vigile diffusé lundi sur France Inter et Radio France International, les ravisseurs des sept expatriés français et africains des groupes Areva et Satom (Vinci) enlevés au Niger jeudi dernier portaient des djellabas, “de longues barbes” et la plupart s'exprimaient en arabe. “Ils étaient sept, deux Noirs et cinq de teint clair qui parlaient l'arabe. Ils étaient en djellabas et portaient des turbans et de longues barbes”, a raconté ce vigile, présenté comme membre des services de sécurité travaillant pour Areva à Arlit, où le rapt a eu lieu. “J'ai vu la poignée de la porte bouger et je les ai vus entrer. Ils m'ont dit ‘'haut les mains''. Ils avaient tous des armes, des kalachnikovs”, a-t-il expliqué, selon la traduction de ses propos diffusés par la radio.