Onze artistes. Deux cents photographies. Un point commun : l'évasion. Ces œuvres sont exposées au Musée national d'art moderne et contemporain à Alger, jusqu'au 10 novembre 2010. Après le théâtre, la musique algérienne, la musique internationale et bien d'autres disciplines artistiques et culturelles, la photographie a enfin droit de cité en Algérie. Lundi passé s'est ouvert le premier Festival national de la photographie d'art par une exposition, au Musée national d'art moderne et contemporain, Mama, inauguré par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah. Le Festival national de la photographie d'art va connaître cette année, sa première édition, “Es-Safer” ou “Voyage”, tel est l'intitulé de cette exposition regroupant 11 artistes qui ont participé avec deux cents photographies. Rien que le thème est alléchant ! L'exposition, qui débute par l'atrium pour se terminer au premier étage, est une invitation au voyage et à la découverte, mais aussi au partage. Au partage, parce que les exposants offrent au public leur coup de cœur. Plus qu'une promenade, “cette exposition est une invitation à l'émerveillement au gré de la flânerie des auteurs qui allient exigence, humour, réflexion et sensibilité et émotion”, est-il mentionné dans le catalogue. Les artistes (Baghriche Fayçal, Belabbès Noury, Djama Nadir, Djenidi Sidali, Hamdikène El Hadi, Kal Karim, Khessaissia Ashraf, Meziani Omar, Seghlani Hamid, Zenati Halim et Beckhäuser Marion), venus d'ici et d'ailleurs, exposent leur périple, leurs déplacements. Chacun propose une rétrospective d'un voyage, ce qu'il a vu, ce qu'il a aimé ou tout simplement ce qui l'a marqué. Armés de leur objectif, les photographes ont immortalisé des instants de vie, volés avec un clic. C'est un quotidien pour certains qui est représenté. D'autres ont opté pour le fugace, le furtif, le suggestif. On aurait pu compiler toutes ces photographies pour en faire un catalogue digne des plus grandes agences de voyages, tant par la beauté et la qualité des œuvres que par l'intensité et la profondeur artistique qui en jaillissent. La couleur et le noir et blanc se côtoyaient, se faisaient face non comme des chiens de faïence, mais se mêlaient, se parlaient, s'entrelaçaient. Différentes destinations sont présentes dans cette exposition : Algérie, Chine, Brésil, Ukraine, Etats-Unis, France, Italie, Sénégal, Guyane française… La mer était omniprésente, symbole d'évasion et de liberté. Les formats des cadres étaient petits, diminuant un tantinet la portée des œuvres. Chacun sa technique, chacun sa vision, mais tous unanimes à donner du rêve. Avec le voyage, c'est la sensibilité et de l'artiste et du visiteur qui se confrontent à des degrés différents. C'est l'ouverture au monde que nous proposent les photographes. C'est un voyage sans passeport ni visa. Il suffit d'y croire et de se laisser transporter. À l'étage supérieur, sur quasiment la moitié du niveau, une autre exposition faisait face à celle du voyage. Intitulée “l'Attente”, cette exposition s'étalera jusqu'au 15 novembre prochain. Réalisée dans le cadre du programme de création “Noir sur blanc”, un collectif d'artistes qui s'inscrit dans la spirale de la création contemporaine entre Alger (Chrysalide), Lyon (Gertrude II), Sétif (Perséphone), cette exposition met en scène huit œuvres issues d'une résidence d'arts plastique à Jijel, en 2009. Partagé entre photographies et installations sonore et vidéo, ce travail, de qualité, a failli passer inaperçu, puisque le vernissage se déroulait au même moment que celui du Festival national de la photographie. Ce qui a diminué un peu de l'écho qu'aurait pu avoir cette exposition.