Décidément, le football est fait de surprises et de paradoxes et cela s'est vérifié, une fois de plus, samedi dernier au stade du 1er-Novembre où la JS Kabylie, qui plane depuis quelques semaines déjà sur la Ligue des champions africaine, a eu bien du mal à se défaire d'une jeune et inexpérimentée formation de l'AS Khroub. C'est à croire qu'il existe deux JSK tout à fait différentes, autrement dit une JSK haut de gamme qui a pour habitude de produire du “football d'exportation” et une autre JSK beaucoup moins séduisante et qui se plaît à pratiquer du “foot local” comme ce fut donc le cas samedi après-midi, à l'occasion de la première journée du championnat où les Canaris ont failli se brûler les doigts face à un onze khroubi qu'ils auront dominé de la tête et des épaules pour gâcher toute une cascade d'occasions de but et se faire remonter au score à deux reprises avant de l'emporter finalement au forceps. Le public kabyle, lui, semble avoir compris et redouté ce phénomène déjà bien connu de la décompression, lui qui a brillé par son absence pour cette première journée inaugurale du championnat, alors qu'il avait rempli le stade du 1er-Novembre en Ligue des champions face au Club Africain de Tunis puis Al-Ahly et Al-Ismaïly. Une telle défection du public n'a fait que déteindre davantage sur la production des Canaris habitués au doping populaire et qui aura malheureusement versé dans une nonchalance inexplicable pour se défaire difficilement de l'AS Khroub, à quelques minutes seulement du coup de sifflet final. S'il faut rappeler qu'au cours d'un match fou et marqué par de nombreux rebondissements, la JSK, qui menait au score dès la 20' de jeu grâce à une belle réalisation de Aoudia, a réagi miraculeusement une première fois par Yalaoui qui a inscrit le second but salvateur (41'), une minute seulement après la première égalisation de Gil (40') pour refaire exactement le même coup en fin de match lorsque Boutnaf égalisait encore pour les Khroubis à la surprise générale (85'), mais ce diable de Nessakh allait sauver aussitôt les siens d'un véritable cauchemar, lui qui égalisait d'une autre reprise de tête en moins d'une minute (86'). C'est dire que les camarades de Rial ont échappé à une véritable douche écossaise, ce qui aurait pu avoir des répercussions néfastes sur le moral des troupes à une semaine seulement de la fameuse demi-finale aller de Ligue des champions face au Tout-Puissant Mazembé de Lubumbashi. “J'avoue que je redoutais quelque peu ce premier match de championnat pour deux raisons essentielles. D'abord, on m'a dit que la JSK débutait mal en championnat ces dernières années. Ensuite, j'avais craint une sorte de décompression après la grosse pression de la Ligue des champions africaine. Voilà un match qu'on aurait dû plier en moins d'une demi-heure et qui aurait pu nous jouer un mauvais tour, si ce n'était ce beau sursaut d'orgueil de nos joueurs. J'espère que de tels ratages en défense nous serviront de leçons pour l'avenir”, dira l'entraîneur en chef suisse, Alain Geiger. “Nous avons manqué de lucidité et de concentration dans les moments décisifs, notamment en défense, où nous avons cédé à la léthargie. Voilà un match que nous aurions pu gagner par un score très large et qui a failli nous jouer un mauvais tour. Durant toute la semaine, nous avons tenté de mobiliser les troupes après le déplacement encourageant au Nigeria, mais nous sommes quand même tombés dans le piège de la facilité. C'est à méditer pour l'avenir”, dira de son côté l'autre technicien de la JSK Kamel Bouhellal, vite rejoint dans son analyse par l'avant-centre Aoudia auteur du premier but kabyle et désormais leader incontestable de l'actuelle onze kabyle. “Personnellement, je redoutais ce relâchement dans tous les compartiments de jeu et heureusement que nous sommes sortis indemnes d'un tel piège. à nous de retenir de telles leçons et rester vigilants dans l'avenir tant en Ligue des champions qu'en championnat national. Nous sommes désormais des footballeurs professionnels et nous devons honorer notre travail tel qu'il se doit et en toute circonstance”, martèlera Aoudia à sa sortie des vestiaires. Toujours est-il qu'après une telle frayeur en championnat, les Canaris devraient reprendre le chemin de l'entraînement dès cet après-midi pour préparer méticuleusement le prochain déplacement vers le lointain Katanga.