Des temps difficiles s'annoncent pour les agences algériennes de tourisme et des voyages. Veut-on se débarrasser de cette branche d'activité ? Les patrons des agences de voyages réunis lundi à l'hôtel Safir Mazafran dans le cadre de l'AG du SNAV-Centre semblent bien le croire. “Si jamais ce texte venait à être appliqué, il signe notre mise à mort”, déplorent-ils, dénonçant la prise de décision de manière unilatérale même si le décret émane des plus hautes instances. “À donner l'impression que celui qui a pris ces dispositions est en complète ignorance de la réalité du terrain”, martèlent-ils, énumérant les articles du décret passé sous la loupe. Ils étaient nombreux à prendre la parole et à crier leur douleur dénonçant un environnement hostile à leur égard sans que ce décret vienne ajouter son grain de sel. Les agences devraient, dans peu de temps, se conformer à pas moins de 27 obligations contenues dans le nouveau cahier de charges annexé au décret exécutif n°10-186 du 14 juillet 2010 modifiant et complétant le décret du 1er mars 2000 fixant les modalités de création et d'exploitation des agences de tourisme et de voyages publié dans le Journal officiel n°44 du 21 juillet 2010. Contrairement au décret précédent, la durée de licence est fixée à trois années. Elle est renouvelable pour la même période “incessible et intransmissible”. Trois mois avant l'issue de la durée de la licence, son titulaire peut introduire auprès du ministre du Tourisme une demande de renouvellement. C'est justement cette disposition qui constitue la pomme de discorde. “Quel est l'inconscient qui investit sur trois ans et en plus sans être sûr que sa licence lui sera renouvelée. Cela n'existe nulle part, sauf peut-être au Canada mais à la différence que celle-ci est renouvelée en 24 heures et sur Internet, donc pure formalité”, s'indignent les patrons des agences et soutiennent que “cette disposition est en porte-à-faux avec les règles de la finance et dont l'amortissement de l'investissement est établi sur 5 ans”. Autre chapitre des plus difficiles à faire supporter aux agences concerne le réceptif. Le nouveau décret procède à une catégorisation : la catégorie A est destinée aux agences de tourisme et de voyages qui désirent activer principalement et/ou exclusivement dans le “tourisme national” et le “tourisme réceptif”. “Le tourisme national est entendu par l'ensemble des prestations définies par la législation en vigueur, sur le territoire national au profit de la demande interne. Le tourisme réceptif est entendu, par l'ensemble des prestations définies par la législation en vigueur, sur le territoire national au profit de la demande externe”, précise le décret. “La catégorie B, par contre, est destinée aux agences de tourisme et de voyages qui désirent activer principalement et/ou exclusivement dans le tourisme émetteur de touristes au plan international”. Une telle cacophonie exprimée par les patrons d'agences qui, pour mieux comprendre, se sont retrouvés face au flou, ne précisant pas du tout qui fait quoi et jusqu'à quelle mesure. En somme, ils récusent ce texte sachant pertinemment que faire du réceptif dans l'état actuel des choses relève de l'impossible. “Rien ne s'y prête. Les infrastructures sont insuffisantes et le peu qui existe est dans un tel état de délabrement ou très mal géré. L'hygiène manque de partout. Les prix sont exorbitants et les visas algériens sont les plus chers et surtout les plus difficiles à obtenir”. Des témoignages attestent de la difficulté de convaincre ou de ramener des touristes dans un pays où même la sécurité n'y règne pas totalement. D'autres problèmes sont également abordés par les agences à l'image de cette disposition qui les oblige à adopter les nouvelles technologies ou faire la promotion du tourisme. “Nous payons des impôts sur lesquels un pourcentage est prélevé pour être versé à l'Office national du tourisme pour jouer ce rôle comme cela se fait partout. Il se trouve en effet que notre participation dans les manifestations internationales (salons et autres) et pitoyable il faut l'avouer”, ont-ils déploré, ricanant que la participation palestinienne, pays en guerre, au dernier salon de Top Reza était de loin meilleure que celle de l'Algérie qui ne disposait que d'un seul et unique drapeau sur lequel était inscrit “One, two, three, viva l'Algérie”. Les agences algériennes ne disposent en effet d'aucune aide de l'Etat comme cela se fait sous d'autres cieux et par-dessus le marché sont soumises à un traitement des plus rigoureux. “Les brebis galeuses existent partout ce n'est pas une raison pour généraliser”, disent-ils, assurant que cette mesure ne donnera aucun résultat pour une branche d'activité créatrice de richesses et d'emplois pour plusieurs secteurs.