La baisse dans les sondages du président américain George W. Bush est davantage liée à la situation économique aux Etats-Unis qu'aux difficultés rencontrées en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein, estiment des analystes. Le taux d'approbation de la politique du président Bush a baissé de neuf points, à 52%, selon un sondage publié lundi dans le magazine Time, par rapport à un sondage comparable en mai. La chute est de 12 points entre juin et le 7 du mois en cours (56% contre 68%), selon un autre sondage pour la chaîne de télévision ABC et le Washington Post, sorti lundi soir. D'après un autre sondage publié ce week-end par l'institut Zogby International, le taux d'approbation est passé sous la barre des 50%, avec 45% de réponses positives, contre 52% un mois plus tôt. Cette baisse est une "combinaison d'Irak et d'économie, mais elle est davantage liée à l'économie", estime Stephen Hess, de la Brookings Institution, un centre de réflexion dont le siège est à Washington. Le sondage d'ABC montre que depuis le mois d' août, une majorité (51%) désapprouve la politique économique de l'administration Bush. M. Hess relativise, toutefois, cette chute dans les sondages. "Si on regarde les chiffres de février dernier par exemple, ils étaient assez semblables à ceux de maintenant. La hausse et la baisse sont liées à l'Irak. Mais d'un point de vue électoral, la question de l'économie est bien plus importante. La question de l'Irak pour le moment n'est pas de nature à changer l'élection", ajoute-t-il. Le président Bush est candidat à sa réélection pour un deuxième mandat de quatre ans, lors du scrutin prévu en novembre 2004. Il est déjà parti en campagne, parcourant les Etats-Unis pour vanter les mérites de sa politique, alors que les neuf candidats démocrates, qui se disputent le droit de l'affronter, multiplient les attaques contre lui. "La priorité de l'opinion publique a nettement changé pour se concentrer davantage sur l'économie. En la matière, les nouvelles continuent à être plutôt décourageantes", renchérit Scott Keeker, expert au Pew Research Center, un observatoire politique de Washington. Les entreprises américaines ont continué à tailler massivement dans leurs effectifs en août, même si tous les indicateurs économiques sont passés au vert depuis quelques semaines. Le nombre de morts n'a "pas atteint un niveau qui touche l'homme de la rue, au point d'en faire la conversation quotidienne au café", considère Stephen Hess. "Les chiffres ne sont pas trop élevés", ajoute-t-il, écartant tout parallèle avec la guerre du Vietnam où l'armée américaine "n'était pas une armée professionnelle mais une armée de conscrits". Les analystes soulignent en revanche que les Américains restent majoritairement d'accord avec la guerre contre l'Irak. Selon le sondage Time/CNN, 52% des Américains estiment que cela valait la peine de faire la guerre même si des armes de destruction massive ne sont jamais trouvées. Un chiffre que le sondage ABC/Washington Post place à 54%, en reflux de sept points en un mois. "Une majorité de l'opinion publique juge encore que la décision de faire la guerre était la bonne, même si la situation aujourd'hui est confuse", remarque Scott Keeker. "Bush n'a pas perdu le soutien du pays sur la guerre en Irak, mais il y a clairement des signes d'inquiétude", estime de son côté l'influent quotidien américain Washington Post.