Couronné du Prix du public au Festival d'Isola (Slovénie), le cinéaste évoque, dans cet entretien, son prix qui permet au film Taxiphone el-mektoub, d'être distribué en Slovénie, les thématiques qui traversent son long métrage et son cinéma, ainsi que ses projets. Liberté : Vous venez de recevoir le prix du choix des téléspectateurs au Festival d'Isola en Slovénie pour le film Taxiphone el-mektoub. Quelles sont vos impressions ? Mohamed Soudani : Participer à un festival c'est déjà un plaisir ; alors de là à recevoir un prix, vous êtes doublement content. J'ai fait des films pour le spectateur et ce qui m'intéresse ce sont les gens qui vont le voir ; et être primé par le public est une bonne réponse pour le démarrage de la distribution du film. Aussi, le prix du public permet au film d'être distribué en Slovénie. Je suis très content. Le film traite de la femme algérienne dans la société et de son émancipation. Est-ce là une envie de montrer un autre visage de l'Algérie ? Je ne fais pas d'analyse dans ce film, je ne suis pas analyste mais j'aborde le regard de l'Occident par rapport à la femme. Il est question d'une femme occidentale, Elena, qui traverse le désert avec son copain pour aller au Mali, leur camion tombe en panne. Elena a envie de découvrir l'oasis alors que son copain s'occupe à réparer le camion pour partir. Dans un taxiphone, elle va rencontrer une autre femme, Aya, qui parlait à son mari en Italie. De là, elle noue une amitié avec l'Algérienne. C'est la rencontre de deux femmes, différentes de culture mais Elena, va découvrir le système du tabou et une force extraordinaire qui existe dans cette femme. Aussi, va-t-elle découvrir un univers inconnu. J'ai fait aussi un petit clin d'œil aux femmes sur leur dynamique positive. Un taxiphone, c'est particulier comme lieu, pourquoi l'avoir choisi pour votre histoire ? On raconte des histoires toujours dans les lieux où on pense qu'il y a des histoires. Dans un taxiphone, il y a énormément d'histoires. Ce qui m'a intéressé dans un taxiphone, c'est la rencontre. C'est un lieu où on attend une personne, où on essaye d'appeler quelqu'un, où on rencontre des étrangers. Tout le monde parle, surtout dans le désert algérien, leurs portables ne fonctionnent pas, alors le taxiphone est le meilleur endroit pour rencontrer des gens. Le taxiphone est un croisement. D'ailleurs, le film s'appelle Taxiphone el-mektoub, car j'ai voulu écrire une histoire simple, le croisement des gens, leur lieu commun étant le taxiphone. C'est un lieu de rassemblement de beaucoup d'étrangers qui passent dans l'oasis. Je suis très fier de ce que je suis, d'être un Arabe, Noir… d'être différent de l'autre, ma différence apporte des choses à l'autre, l'orgueil est important pour moi et j'ai fait un clin d'œil à cela à travers mes personnages. Comptez-vous faire une avant-première presse et grand public en Algérie ? C'est mon rêve que le film sorte ici. Je suis en contact avec mon producteur mais pour des raisons que je ne connais pas, on a perdu du temps. Je viendrais faire une avant-première presse et public. Si la machine production se met en route, je le ferai avant décembre, sinon en janvier ou février. Sinon, je compte faire un autre film sur la rencontre d'une veuve et une divorcée, qui veulent passer à la radio pour parler librement. Mais voyant la chose impossible, elles vont le faire ailleurs dans un endroit désert.