La Turquie s'estime traitée de façon inéquitable par l'UE qu'elle aspire à intégrer, a critiqué, hier, le ministre turc des Affaires européennes Egemen Bagis, citant notamment la question de la libéralisation des visas. “Il y a des moments où nous sentons réellement qu'il y a deux poids, deux mesures”, a déclaré M. Bagis, soulignant que son pays “ne demande pas de traitement de faveur, mais ne veut pas d'obstacles supplémentaires” par rapport aux autres candidats à l'adhésion. Sur la question d'une levée des visas, “comparée à certains pays qui ont supprimé les visas avec l'UE, la Turquie est en bien meilleure position” alors qu'elle n'en bénéficie pas, a affirmé M. Bagis. Ouvertes en 2005, les négociations d'adhésion de la Turquie ne progressent qu'au compte-goutte, en raison du blocage persistant d'un grand nombre de chapitres thématiques liés notamment à la non-reconnaissance par Ankara de la partie de l'île de Chypre qui a rejoint l'UE en 2004. “Sur la question chypriote, nous avons le sentiment désormais d'être à des lieues” d'une solution, a déploré M. Bagis. “Toutes nos propositions sont rejetées et nous n'avons pas reçu de contre-proposition.” L'Europe a salué à la mi-septembre l'issue du référendum constitutionnel en Turquie, présenté par Ankara comme un atout sur la voie de son intégration dans l'UE. Mais plusieurs pays européens, comme l'Allemagne, la France ou l'Autriche, restent opposés à l'entrée de la Turquie, et prônent à la place un partenariat privilégié. Mardi, le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, a indiqué, devant des parlementaires belges, espérer ouvrir un chapitre des négociations d'adhésion de la Turquie avant la fin de la présidence belge de l'UE d'ici la fin de l'année. La décision, qui requiert l'unanimité des Etats européens, dépendra toutefois de l'adoption d'une législation sur les aides d'Etat en Turquie.