L'entame des cycles de conférences, se tenant comme chaque année à l'Ecole de management-IDRH d'Oran, a été lancée jeudi par une conférence d'Issad Rebrab, P-DG du Groupe industriel Cevital, qui clôturait en même temps des journées portes ouvertes, consacrées à la “formation-création d'entreprises pour les jeunes diplômés.” Pour le directeur de l'IDRH, Mohamed Bahloul, l'invité du jour s'imposait presque naturellement pour rappeler à ses étudiants, présents dans la salle, que la légitimité des nouvelles figures sociales se fera par l'entreprise qui place au cœur de ses préoccupations les ressources humaines et la création de richesses, pour la promotion sociale, cela va sans dire. Durant deux heures, et devant un auditoire de jeunes étudiants impressionnés et d'universitaires, Issad Rebrab retracera le parcours qui mènera à la construction de son Groupe Cevital. “Entreprendre en Algérie : l'expérience d'un leader” étant le titre de sa conférence. Fort, aujourd'hui, de pas moins de 25 entités divisées en pôles : les industries primaires, la construction, la distribution, les services et manufactures, et l'industrie agroalimentaire, le Groupe est quasiment né à partir des années 1970 d'un cabinet d'expertise-comptable créé par Issad Rebrab, et d'une prise de participation en 1971 dans une petite société de transformation métallique Socomeg, puis de la création de nouvelles sociétés ou de rachat d'autres. En 1998, était créée la SPA Cevital, dont la stratégie de départ a été de couvrir les besoins nationaux et dégager des excédents pour l'exportation, notamment avec le lancement de ses raffineries d'huile et de sucre blanc. Viendront, ensuite, d'autres sociétés telles que Hyundai Motors, Samha en 2007, la nouvelle raffinerie de sucre de blanc, etc. Fort d'un rythme de croissance à deux chiffres, le Groupe Cevital s'appuie sur une stratégie industrielle expliquée par son P-DG, qui n'hésitera pas à user de concepts et d'images à même de faire réagir son auditoire, comme le célèbre slogan du parti communiste chinois à l'ère de l'ouverture “Enrichissez-vous… Enrichissez-vous dans la légalité, si tous les Chinois sont riches, c'est toute la Chine qui est riche”, ou encore, par une sorte de “Yes we can”, très local. Mais, si pour le patron de Cevital, chaque “investissement a sa logique, qu'il soit rentable dans un créneau porteur et à forte valeur ajoutée… avec une gouvernance basée sur la délégation de pouvoir, la recherche et développement, la transparence financière et de l'information”, les investissements, qui sont au cœur du développement économique et de la richesse, sont les ressources humaines, insistera-t-il à maintes reprises. “Aujourd'hui, nous n'avons pas de contraintes de financement ; les deux seules contraintes sont celles de l'environnement et l'insuffisance des ressources humaines de qualité.” Ajoutant à la satisfaction des étudiants, “les Algériens sont capables quand ils évoluent dans des conditions saines et stimulantes.” Il ne manquera pas, à ce stade du débat, de glisser que les pays qui connaissent des croissances à deux chiffres sont ceux qui ont investi dans les ressources humaines, et de donner l'exemple de la Corée du Sud. “En 1960, le PNB de ce pays était de 60 dollars, en Algérie, il était plus de 3 fois plus élevé, aujourd'hui, ils sont passés à 20 000 dollars et nous à 4 000 dollars.” La grande contrainte de l'entreprise, selon lui, est bien cette question des ressources humaines, reconnaissant que même pour Cevital cela reste un grand défi. Interrogé sur les lourdeurs bureaucratiques de l'environnement de l'entreprise en Algérie, cause souvent de bien de blocage, Issad Rebrab tiendra d'abord, lui aussi, à “dé-diaboliser” le privé en rappelant que son Groupe reverse 59% de la valeur créée sous forme de contribution au budget de l'Etat. “M. Rebrab a également expliqué qu'il travaille avec l'ensemble de ses partenaires à l'amélioration des facteurs de l'environnement, tant au niveau micro que macroéconomique.” D'ailleurs, si le Groupe Cevital a vu sa croissance se développer à l'horizontal, avec une diversification poussant à une continuelle adaptation de la structure de l'organisation du Groupe, c'est en partie pour faire avec les contraintes de cet environnement, qui ne permet pas encore les investissements de capitaux à l'étranger. Lors de son exposé, le patron de Cevital aura à cœur de présenter les grands projets de son Groupe dont les impacts économiques sont à rapprocher, expliquera-t-il, des enjeux de développement pour les années à venir. Nous citerons le projet du complexe chimique d'Arzew de propane au polypropylène qui devrait permettre la création de près de 3 000 PME-PMI en aval, 5 cimenteries, les énergies renouvelables avec le projet Desertec, une usine de panneaux solaires à couche mince, etc. Des projets qui nécessiteront des financements nationaux et étrangers et qui, conclut M. Rebrab, “contribueront par leur impact socioéconomique à la création de richesses et à l'amélioration des conditions de vie de nos concitoyens.”