Moussa Haddad a fait escale, vendredi, à Béjaïa. Il est venu présenter, à la demande des animateurs du Café-Cinéma de Béjaïa, son film, qui avait le plus marché au “box-office,” à savoir Les vacances de l'Inspecteur Tahar. Le scénario du film, sorti en 1973, avait été écrit par le défunt Hadj Abderrahmane. Lequel avait partagé l'affiche avec son acolyte feu Yahia Benmabrouk. Avant la projection du film dans la petite salle de la maison de la culture, Moussa Haddad avait d'emblée indiqué qu'il avait besoin de séances de discussion car il entamera le tournage d'un long métrage dans trois mois. Et, par conséquent, il est en quête d'éventuels futurs spectateurs. Pour ce faire, il a besoin de les interroger sur ce qu'ils veulent voir dans le cinéma en général ; de l'aider à mieux cibler les choses qu'ils aimeraient voir portées à l'écran. Et pour susciter cette interaction, le réalisateur de Les enfants de Novembre (1975) a expliqué qu'il y a la possibilité d'avoir un complément à son expérience ou inexpérience de la visualisation à ce que réclame le public algérien en général. Est-ce qu'il faut séduire ou, au contraire, bousculer ? Mais avant les débats, place à l'immense Hadj Aderrahmane. Quoique le scénario ne soit pas abouti. Les acteurs font rire. On est replongé dans l'Algérie des années 1970. Les acteurs étaient naturels et assumaient pleinement leur algérianité. Et le public, peu nombreux, a patiemment attendu la fin du film pour débattre avec le réalisateur. Celui-ci avant d'échanger quelques propos avec les dizaines de cinéphiles a rappelé qu'il était conscient du fait que le scénario n'ait pas été suffisamment guide du film. C'est un film qui avait fait un boom malgré la faiblesse du scénario, inabouti. Occasion pour lui de déplorer le manque de scénaristes dans le pays. Il y a l'écriture, la réalisation, mais le scénario n'est pas souvent pensé. Et ce problème est récurrent dans le cinéma algérien. Cela est dû à l'absence d'une école de scénaristes. L'assistant réalisateur dans La bataille d'Alger (Pontecorvo) et L'Etranger (Visconti) a plaidé pour l'augmentation du volume de films, tournés dans une année. “Ailleurs, c'est une sorte de force. Et je ne parle pas du cinéma américain.” Il citera en exemple les Syriens, qui produisent tous azimuts au point de détrôner les Egyptiens. Et pour consommer algérien, Moussa Haddad a répondu qu'il faut que “les Algériens soient dans un environnement qui leur convienne. Qu'ils soient nourris à cette cinématographie”. Pour cela, on a besoin d'une halte qui passe par un apaisement. Il a, en outre, indiqué qu'il faut un peu plus de films algériens. “Faire du cinéma national dans lequel tous les Algériens sont convaincus ; les films doivent plaire aux Algériens en priorité.” Et dans tout débat, il y a des sujets qui fâchent. Cinéma et mémoire obligent, le réalisateur sera bien seul face au public lorsqu'il essayera de justifier le verrouillage via la commission de lecture, voire de censure, de tout projet de films qui traite de l'histoire de la guerre de Libération nationale. “Le passage par une commission ne me pose pas de problème”, a répondu Moussa Haddad aux cinéphiles présents vendredi.