Considérée comme un pays par lequel transitent de nombreux ressortissants de l'Afrique sub-saharienne candidats à l'émigration vers l'Europe, la Libye a posé hier ses conditions pour “stopper définitivement” l'émigration clandestine à partir de ses côtes vers l'Europe, à l'occasion d'une visite d'une délégation de l'UE à Tripoli. À la fin du mois d'août dernier, lors d'une visite en Italie, le colonel Mouammar El-Kadhafi, avait fait sensation en réclamant à l'Union européenne “au moins cinq milliards d'euros par an pour stopper” l'émigration clandestine et “éviter une Europe noire”. Cette demande a été officiellement renouvelée par le ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa. Ce dernier a déclaré, selon l'agence Jana que “la Libye demande à l'UE cinq milliards d'euros par an pour stopper définitivement l'émigration clandestine vers l'Europe”. Le chef de la diplomatie libyenne s'exprimait au cours d'une réunion avec la commissaire européenne chargée des questions d'immigration, Cecilia Malmström, et celui chargé des accords de coopération entre l'UE et ses voisins, Stefan Füle. Ce responsable européen avait indiqué dans un communiqué distribué aux journalistes à Tripoli, “être venu en Libye avec une offre pour un vaste partenariat qui permettra à l'UE de soutenir les efforts de réformes de la Libye dans sa transition vers l'économie de marché, le développement durable et la primauté de la loi”. Pour rappel, sans approuver ce montant demandé par Tripoli, le gouvernement italien insiste pour que l'UE aide davantage financièrement la Libye dans ce domaine. Cette question devrait être discutée au cours du sommet euro-africain prévu en novembre en Libye. Tripoli, par où transitent de nombreux ressortissants de l'Afrique sub-saharienne candidats à l'émigration vers l'Europe, demande depuis longtemps des financements et des équipements pour surveiller ses frontières maritimes et terrestres. Pour convaincre, la Commission européenne, qui avait jugé exagérée la demande libyenne, laquelle estime que beaucoup pouvait déjà être réalisé “avec des sommes nettement inférieures”, les autorités libyennes ont organisé un voyage pour la délégation européenne “afin qu'elle se rende compte de l'étendue des frontières terrestres du pays et de la difficulté de les contrôler”. En effet, la délégation européenne devait se rendre hier à Kufra, un no man's land situé à 2 000 kilomètres au sud-est de Tripoli, aux confins des frontières égyptiennes, tchadiennes, soudanaises et nigériennes, afin qu'elle “se rende compte de l'étendue des frontières terrestres du pays et de la difficulté de les contrôler”, a affirmé un responsable européen sous le couvert de l'anonymat. Ceci étant, dans un communiqué publié à Bruxelles, l'UE a affirmé qu'“une attention particulière sera accordée à faire avancer notre coopération sur les questions de migration, en particulier l'amélioration de la protection des réfugiés, mais aussi le contrôle aux frontières et la coopération avec les pays d'origine” des migrants qui passent par la Libye pour tenter de rejoindre les rives européennes via la Méditerranée. Rappelons que les négociations entre l'UE et la Libye ont été entamées en novembre 2008 en vue de la conclusion d'un accord de partenariat, mais elles butent notamment sur les questions de l'immigration clandestine et de visas.