Les mouvements de migration échappent au contrôle de l'Etat, mais des solutions existent pour parer à cette carence. L'Algérie est dépourvue d'une structure pour encadrer la migration. Cette situation favorise l'amplification du phénomène des harraga. Le diagnostic est formel: les mouvements de migration échappent au contrôle de l'Etat. Et cela préoccupe au plus haut point les spécialistes les plus avertis de la question. «Il es temps de créer une agence qui s'occupe de la migration. C'est dans ce cadre que le phénomène des harraga peut être maîtrisé», a préconisé, hier, le Pr Mohamed Saïb Musette, spécialiste de la question des migrations internationales et chercheur au Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (Cread). Joint par téléphone, il a précisé que le phénomène d'émigration clandestine des Algériens a connu une baisse sensible cette année. «L'intensité de ce mouvement a été enregistré entre 2005 et 2009», a indiqué le Pr Musette. Ensuite, un déclin dû au durcissement des conditions de passage des Algériens vers la Tunisie et le Maroc a été enregistré. Auparavant, les Algériens, candidats à l'émigration en Europe, transitaient par ces deux pays. Les voies vers les pays voisins étant fermées, les candidats à l'émigration ont préféré tenter leurs chances à bord d'embarcations de fortune. Ces dernières années, l'émigration a pris des proportions alarmantes. De nombreux Algériens ont été interceptés au large des côtes sud de l'Europe. Nombreux sont ceux qui ont été retrouvés morts. D'autres sont portés disparus. Bien qu'il soit en baisse, le phénomène est loin d'être endigué. Récemment, pas moins de 10 Algériens ont été portés disparus au large de Tabarca, une île espagnole. Ils étaient 14 à bord d'une embarcation de fortune. Deux d'entre eux ont été secourus et deux autres retrouvés sans vie. Cela s'est passé vendredi dernier. Le phénomène des harraga est au centre d'intérêt des scientifiques. Il sera au menu des travaux du colloque sur le thème de la migration et organisé par le Cread à Tamanrasset. Il aura lieu du 19 au 22 octobre prochain. Les travaux de ce colloque s'articuleront autour de quatre thèmes principaux. «Ils porteront sur les formes de la migration internationale, les droits des migrants, le retour des migrants et le transfert de l'argent des migrants», a indiqué le Pr Musette. Cette rencontre se tient dans un contexte marqué par l'intensification des mouvements de migration dans les pays subsahariens. L'Algérie subit de plein fouet ces mouvements. Ces derniers jours, 12 ressortissants africains, candidats à l'émigration clandestine en Europe, ont été retrouvés morts de soif dans le désert algérien. Seuls deux survivants ont pu regagner le Mali d'où ils étaient venus. Cet incident n'est qu'un épisode du tragique quotidien des candidats à l'émigration clandestine. Lorsqu'ils ne sont pas morts de soif, ils sont arrêtés par les services de sécurité. 111 d'entre eux ont subi ce sort à Tamanrasset durant le mois de mai 2010, selon la Gendarmerie nationale. Le caractère irrégulier de l'émigration la rend invisible. Ainsi, les autorités et les scientifiques possèdent des statistiques approximatives sur l'évolution de ce phénomène. Les observateurs déplorent le manque d'outils scientifiques pour un suivi précis du trafic des émigrés clandestins. Seuls les rapports des services de sécurité permettrent d'avoir le nombre d'émigrés arrêtés.