Un film expérimental qui oscille entre fiction et documentaire, et qui se subdivise en deux parties : la partie fiction tournée en studio, et la partie making-of tournée sur la route, dans l'Est algérien. La salle El-Mougar a abrité, avant-hier soir, l'avant-première du long-métrage, Z'har ((un) Lucky) de Fatma-Zohra Zamoum. Un film expérimental qui oscille entre fiction et documentaire puisqu'il se subdivise en deux parties : la partie fiction tournée en studio, et la partie making-of ; un carnet de voyage qui emmène la réalisatrice et ses complices, membre de son équipe, dans plusieurs régions de l'Est algérien, notamment Tébessa, Sétif et Constantine. Il y a donc deux niveaux de narration dans ce film de 78 minutes qui s'adresse à un spectateur actif et intelligent, car c'est lui qui complète le propos. Le premier niveau c'est le making-of de Z'har ou le retour dans un pays qui reprend vie après avoir vécu une tragédie. En effet, en 2007, Fatma-Zohra Zamoum, son frère, Omar Zamoum, et ses deux cousins, entreprennent un périple dans le but de faire des repérages pour faire un film. Un film sur l'Algérie. L'équipe parcoure 2000 km afin de repérer des lieux, trouver des décors et rencontrent des personnes qui participent à un casting. Le deuxième niveau, c'est la fiction. Nous sommes en juillet 1997. Alia (Fadila Belkebla) est photographe à Paris et apprend que son père est gravement malade. Elle décide d'aller lui rendre visite, mais comme tous les vols pour Alger sont complets, elle va en Tunisie et prend un taxi pour Constantine, afin de revoir son père… une dernière fois, peut-être. Farid (Eddy Lemar), le chauffeur de taxi qui la transporte, voit en elle comme une manière de changer de vie et d'accéder à son rêve. Ces deux protagonistes sont rejoints par l'écrivain Chérif Dahmani (Kader Kada), dont la presse avait annoncé la mort le matin même. Ces personnages, encerclés par la mort de toutes parts, font la route ensemble, dans un climat de méfiance et de peur. La violence qui terrassait le pays a tout chamboulé, tout transformé. Tout est exacerbé, le meilleur comme le pire. Mais comme ils ne sont pas débarrassés de leur humanité, des sentiments les plus improbables, peuvent éclore, comme l'amour, la compassion ou l'empathie. Z'har qui propose deux facettes d'une seule et même Algérie, est truffé de codes, de symboles et de clichés (Alia qui fuit le pays parce que ses parents voulaient la marier de force à son cousin ou encore la polygamie). Outre son côté trop “intello”, car qu'il contraint son spectateur à décoder et à décrypter chaque scène, chaque émotion, chaque mot et chaque silence, Z'har est un film trop personnel. Car la réalisatrice s'interroge sur le cinéma, sur les frontières du réel et de la fiction, et sur le présent et le passé. Ce qui l'a poussé – inconsciemment, sans doute – à négliger totalement le discours ou encore le propos, parfois vide. Mais il y a tout de même une belle image et de bons comédiens qui ont été éloquents, même dans leur silence. Soutenue par le ministère de la Culture et l'Office national de la culture et l'information (ONCI), la sortie en salles de Z'har, qui reste une intéressante proposition, est prévue pour le 26 octobre prochain.