Les récentes arrestations au sein de la junte militaire qui dirige le Niger ont-elles un lien avec la récente opération d'Aqmi dans le nord du pays, sur le site même des extractions de l'uranium ? Tout porte à le penser car l'intervention terroriste au cœur de la principale source de richesses de ce pays sahélo-saharien a, d'une manière ou d'une autre, indisposé la junte. Des critiques ont été faites par l'opposition, et même au sein du pouvoir, sur la protection du pays. Le problème de la réorganisation de la sécurité nationale a été certainement posé. Il se dit à Niamey qu'il aurait été exigé du chef de la junte plus de fermeté dans l'engagement contre Aqmi. Le moins qu'on puisse dire est que la situation s'est contractée dans le pays depuis le coup d'éclat de l'organisation terroriste. Le climat délétère, selon des observateurs et des échos, était perceptible après le rapt de sept employés d'Areva, la compagnie publique française qui exploite l'uranium au Niger, troisième producteur dans le monde. Parmi les otages, cinq français. Paris a pris les choses en main, déployant au Niger une escadrille d'avions de chasse pour sillonner le territoire à la recherche des kidnappeurs. L'intervention de la France, qui n'est pas appréciée ni par l'opposition ni par les populations pour lesquelles la françafrique doit être enterrée, a également constitué un facteur de malaise au sommet de l'Etat nigérien. Le malaise est profond puisque jeudi dernier, par décret, le général Salou Djibo, le patron de la junte, avait limogé le chef de la Garde nationale. Le poste de secrétaire permanent qu'occupait le colonel Abdoulaye Badié a aussi été supprimé et la Cour de justice militaire réactivée. Jusque-là, la junte avait évolué sans accrocs. Tout allait bien et le consensus semblait acquis et définitif au sein de l'équipe des jeunes hommes en uniforme de Niamey. Ceux-ci venaient de mettre fin aux errements de l'ex-président Mamadou Tandja dans ses dérives dictatoriales, il voulait une présidence à vie ! La junte a promis de remettre la démocratie sur les rails, à la satisfaction de l'opposition et des populations. Il est difficile pour les observateurs de la scène nigérienne de penser que la purge qui vient de se dérouler au Niger obéisse à des stratégies de pouvoir, que des éléments de l'armée voudraient se garder le pouvoir, comme en Mauritanie où l'auteur du coup d'Etat est devenu président par la voie des urnes. En tout cas, tout laisse croire qu'il s'agit d'une vraie purge. Y aurait-il vraiment eu tentative de complot ? Qui aurait voulu évincer Salou Djibo de la transition ? Pour quelles raisons ? Au profit de qui ? Des questions sans réponses aujourd'hui. Les Nigériens se demandent eux si la délicate gestion de la transition ne sera pas remise en cause ? Des membres du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) seraient devenus ambitieux au point de ne pas vouloir respecter la feuille de route ? Maintes fois, le général Salou Djibo a, quant à lui, réaffirmé son désir de quitter la tête de l'Etat nigérien et de transmettre effectivement le pouvoir aux civils.