Les enjeux liés aux énergies renouvelables sont, à l'évidence, de nature stratégique et politique, aux retombées économiques et financières, qu'il serait naïf, voire dangereux, d'en sous-estimer l'impact à moyen et long terme, au plan régional et international. L'Algérie se situe au cœur de ces défis d'aujourd'hui et de demain, pour des raisons liées à la fois à l'évolution constante des besoins énergétiques de son marché intérieur mais, également, aux contraintes dues à sa position géostratégique, qui suscite et nourrit visées et convoitises extérieures. Au demeurant, ce qui se passe à nos frontières sud aujourd'hui ne peut pas ne pas avoir de lien direct ou indirect avec les ressources énergétiques que recèle cette région. Troisième pays mondial en termes de capacités d'énergies renouvelables (compte tenu de l'immensité de son territoire et de son potentiel éolien et notamment d'ensoleillement, estimé à 3 000 heures/an), après l'Allemagne et l'Espagne, l'Algérie, selon certains analystes et experts des énergies alternatives, dispose d'un potentiel énergétique qui représente environ quatre fois la consommation mondiale annuelle. Cependant, notre pays, qui fait partie de la région Mena, serait à la traîne des autres pays – de cet espace – tels que l'Egypte, le Maroc, la Jordanie et la Tunisie qui ont entrepris des investissements ambitieux dans le secteur de la production de l'électricité. Ils doivent, en principe, y compris l'Algérie du reste, bénéficier d'un budget de 5,5 milliards de dollars accordés par la banque mondiale pour financer des projets d'énergie solaire qui seront opérationnels à l'horizon 2015, et qui généreront une capacité de production d'électricité de 9 000 MW. Sur le front intérieur, les débats entre experts algériens et étrangers nous prédisent, dans un futur pas lointain, un tarissement de nos ressources en hydrocarbures et nous promettent un statut de pays importateur d'énergie d'ici à 2020-2025. Un effort d'investissement très modeste ! Un programme de développement des énergies renouvelables a été défini et arrêté pour la période allant de 2008 à 2017. Dans le cadre de ce plan, l'Algérie prévoit d'investir 317 millions d'euros. Ce qui semble modeste par rapport à l'effort des pays voisins. 6% de renouvelable seulement dans le bilan énergétique Bellil (Laghouat) abritera également l'institut algérien des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IAEREE) dont la mission consistera à former et à développer les compétences nationales dans le secteur des énergies renouvelables. Selon certaines sources, l'Etat algérien prévoit de porter la part des énergies alternatives dans le bilan électrique national à 6% en 2017 et 25% en 2050. De tels objectifs nous renvoient nécessairement au projet Desertec, aux enjeux financiers considérables qui le sous-tendent – coût estimatif : 400 milliards d'euros –, à l'engagement des pays européens à participer au financement de ce méga projet à travers notamment des opérations de partenariat et de montage financier avec les Etats nord-africains, qui impliqueraient leurs entreprises et leurs banques. Les résultats attendus de ces investissements consistent, entre autres, à fournir à l'Europe 15% de ses besoins en électricité à l'horizon 2050 et à l'aider à atteindre un seuil de 20% d'électricité propre, contre 8% actuellement. Par ailleurs, ce projet, dont on devine aisément les enjeux stratégiques, économiques et financiers, n'est pas du point de vue du concept, très éloigné de la vision algérienne, sauf que notre pays conditionne son adhésion à cette démarche multilatérale (Europe-nord de l'Afrique notamment) par le transfert des technologies, la formation des ressources humaines et par un partenariat gagnant-gagnant. Dans ce contexte, et à propos de la position de l'Algérie sur le projet Desertec, l'actuel ministre de l'énergie et des mines a déclaré que “nous allons étudier toutes les possibilités de développement des énergies renouvelables, non seulement au niveau national mais aussi au niveau régional”. Il semble ne pas fermer les portes, contrairement à son prédécesseur, qui, il faut le dire tout de même, avait évoqué les conditions du transfert technologique et de la formation des ressources humaines, tout en affirmant que “ce projet n'a pas été soumis aux autorités algériennes”. Il faut rappeler que les Allemands, qui occupent la première place mondiale dans le domaine des énergies renouvelables (18 000 MW), sont les leaders de l'initiative Desertec ou “plan solaire méditerranéen”. Le groupe algérien Cevital, pour sa part, en association avec un groupement d'entreprises allemandes, œuvre à la création d'un bureau d'études en vue d'élaborer les plans d'investissements du projet Desertec. La tenue en Algérie du 1er salon international des énergies renouvelables, du 11 au 15 octobre en cours, est venu à point nommé pour débattre entre professionnels nationaux et étrangers des multiples aspects technico-économiques et environnementaux du développement des énergies renouvelables et échanger leurs expériences respectives dans ce domaine.